Le Japon à l’heure de l’abenomics

Publié le 09 avril 2013 par Edelit @TransacEDHEC

L’abenomics est la formule keynésienne puissance mille que le Premier ministre japonais Shinzo Abe souhaite appliquer à son pays pour mettre fin à deux décennies de déflation. Son plan consiste en un programme global impliquant de façon cohérente les politiques monétaires, budgétaires et structurelles.

Pour rappel un cycle déflationniste correspond à un phénomène de baisse des prix généralisée où les ménages attendent la baisse pour acheter. La consommation, et par conséquent la demande, décroit et oblige les entreprises à couper dans leur marges. Lorsque le chiffre d’affaires n’est pas suffisant, des licenciements interviennent, le revenu des ménages décroit et donc la demande. Et ce ainsi de suite tant que la tendance n’aura pas été inversée.

Pour l’inverser, la politique monétaire du Japon s’en prend à sa devise, en affaiblissant le taux de change. La dépréciation du Yen permet aux produits japonais d’être plus compétitifs à l’exportation et soulage les producteurs en difficulté. Du coup le Japon confirme cette fameuse guerre monétaire. Aussi le nouveau gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda, souhaite doubler la taille du bilan de sa banque, passant de 30% du PIB à 60% d’ici fin 2014.

L’abenomics devrait à travers un assouplissement monétaire et une relance budgétaire massive, résoudre les problèmes de refinancement, même à des taux d’intérêt bas, des petites et moyennes entreprises, car de nombreux propriétaires manquent d’accès au financement. Le véritable défi au-delà de la déflation est bien entendu le retour à la croissance. Pour cela il faudrait que l’abenomics restructure l’économie, tout en améliorant la productivité et peut être aussi en augmentant la participation des femmes au marché du travail.

Certes le Japon a déjà cette approche et ce, sans succès, depuis 15 ans. Mais Keynes lui-même affirme que pour inverser la déflation, il faut injecter une quantité massive de liquidités pour créer le phénomène. Visiblement Shinzo Abe y croit dur comme fer. Par contre cet immense plan économique pour le moins risqué pourrait être désastreux pour l’économie nippone dans le cas où il ne débouche pas en une reprise durable de la croissance. Le Premier ministre propose donc sensiblement la même stratégie que ses prédécesseurs, à cela près qu’il n’y va pas de main morte, d’où l’abenomics.

Bien que les économistes n’accordent pas leurs violons concernant cette approche économique, et qu’il soit trop tôt pour juger de cette politique, le pays possède tout de même de sérieux atouts. Le Japon bénéficie de solides institutions, d’une main-d’œuvre de qualité, et il est situé dans la région la plus dynamique du monde, entre les Etats-Unis et la Chine. Aussi il souffre de moins d’inégalités que de nombreux pays industriels avancés (mis à part le Canada et les pays d’Europe du Nord). Enfin si l’abenomics est bien exécuté et suivi dans le temps, la confiance croissante manifestée actuellement au Japon sera justifiée. A voir donc si l’objectif de 2% de croissance du PIB fixé par le Premier ministre  est atteint avec un retour à l’inflation.

JTDA