Citation Edna Ferber
Sculpture de Louise Bourgeois au Tate Modern, Londres. (Photographie: Rob Telford)
Voila voila, le jour J est enfin arrivé… Je vais te parler de ma mère!
Je ne connais pas vraiment de filles qui ont une relation complètement saine et sereine avec leur mère. C’est difficile à gérer parfois, le fait de lui ressembler mais d’être complètement différente en réalité.
Ne t’en fais pas, je ne vais pas te conter l’histoire d’une petite fille brimée par une mère sévère, terrorisée par une mère alcoolique ou brisée par une mère dépressive, non, je vais te narrer l’histoire d’une petite fille trop aimée.
« Comment ça trop aimée? C’est un comble quand même! «
Pour ma mère, je suis enfant unique. J’ai un demi-frère que mon père a eu d’une précédente union, mais il n’a jamais vraiment vécu avec nous. Elle m’a eu tard pour l’époque, 30 ans et je ne connais pas exactement tous les détails de l’histoire mais semble-t-il que j’ai été très désirée.
Dès mon plus jeune âge, elle m’emmenait partout avec elle et personne d’autre qu’elle ne me gardait jamais. Si mes parents devaient voir des amis, c’était à la maison ou bien j’étais de la partie. D’un caractère paisible, je dormais n’importe où, je n’étais donc pas vraiment une charge.
En grandissant, les choses sont allées crescendo. A l’école primaire j’avais de amis qui venaient à la maison sans aucun soucis, par contre je n’allais pas très souvent chez eux parce que chez eux, ma mère ne pouvait pas me surveiller. Petit à petit, j’ai commencé à me complaire dans ce cocon qu’elle avait formé autour de moi. J’étais timide et peu sure de moi quand l’adolescence s’est abattue sur mes épaules et j’ai eu vraiment de la peine à me relever.
J’ai passé mes années de collège et de lycée enfermée dans ma chambre, recevant quelques amis parfois et rêvant d’amour, de joie et de fêtes…
Puis un jour, il a fallu que je quitte la maison.
Ho, je n’était pas malheureuse! Mes parents payaient mes études et mon loyer, j’ai commencé un peu à m’amuser… Mais je ne savais pas faire, je ne savais rien de la vie (disons encore moins que les autres filles de mon âge). Alors j’ai avancé clopin-clopan mais c’était difficile.
Autant te dire qu’avec le physique que j’avais et le peu d’estime de moi, j’ai pas connu beaucoup de garçons avant le premier.
Je ne dirais pas l’âge que j’avais, même si objectivement ce n’est pas honteux, moi j’attendais ça avec grande impatience et c’était vraiment tard! Avec le recul, je regrette un peu… Il n’était pas fait pour moi et il m’a fait souffrir, vraiment, beaucoup… Mais je ne savais pas, à l’époque comment concilier ma vie à moi et notre vie à deux. Ma mère sentant que je m’éloignais d’elle me faisait des scènes d’enfer quand j’allais le voir trop souvent. Il faut dire que je ne lui avait pas donné l’habitude de sortir, alors pour me libérer d’un poids, je suis allée vivre avec lui.
Aujourd’hui ça va un peu mieux avec ma mère. Même si elle est toujours envahissante. Le problème c’est que je vis dans la maison de ma grand-mère que ma mère m’a donné et que mine de rien, je me sens un peu redevable et ça me donne une excuse pour ne rien lui dire.
Pas facile tout ça.
Mais pourquoi j’en parle au fait?
Ha oui, parce que dans une semaine, je pars avec elle à Rome et que même si je suis ravie, je sais que ces 5 jours vont être interminables. Le résultat de tout ça, c’est que je supporte très mal de me rendre chez mes parents ou de passer trop de temps seule avec ma mère. Tout d’un coup j’ai l’impression de redevenir ado… j’étais tellement mal à l’époque!
Il faudrait que je lui en parle… mais j’ai trop peur que ça lui fasse de la peine… c’est un cercle vicieux!