La comédie romantique est "à la mode" en France. Le genre a toujours eu mauvaise presse mais depuis L'Arnaqueur, tout le monde veut en faire. Ca peut rapporter gros, vous voyez... Et ils veulent tous les faire "à l'américaine". Normal. Ils ont inventé le genre (et ses codes). Alors dans les interviews de nos scénaristes/réalisateurs maison, on peut lire des choses comme "on a voulu rendre hommage aux comédies romantiques de Nora Ephron, comme Nuits Blanches à Seattle ou Quand Harry Rencontre Sally mais avec un peu une dose de modernité 'à la Apatow'". On peut également lire régulièrement des trucs comme "on s'est inspiré des comédies romantiques des années 30 et 50 pour le côté glamour". Parfois, ces gens, j'ai envie de les croire. Sincèrement. La bande-annonce donne cette sensation "d'hommages réussis". Je vais donc voir les films... Et là, j'ai juste envie de vomir.
Est-ce que ces gens comprennent vraiment ce qu'ils font ? Ont-ils réellement vus ces films ? Ont-ils ressenti quelque chose en les voyant ? Leur coeur s'est-il un minimum mis à battre ? Parce qu'en voyant leurs films, on a juste l'impression que le truc à l'écran a été écrit par un robot programmé pour balancer tous les poncifs, les personnages stéréotypés et autres situations vues et revues depuis des décennies dans des "produits" hollywoodiens eux-mêmes souvent écrit par la version Premium (plus chère) de ce robot. Ces gens ont-ils compris que la comédie romantique n'est pas juste ce genre commercial pour midinettes dans lequel il suffit de montrer une histoire d'amour sur le ton de l'humour ? Visiblement non.
Pourquoi ne veut-on pas comprendre, en France, que la comédie romantique n'est pas une "formule" ? Faut-il vraiment brûler tous les exemplaires de STORY de Robert McKee, probablement l'inspiration principale pour Le Livre des Morts de Evil Dead, ce livre capable de libérer tous les démons de l'univers en le lisant ? Oui, ce livre, c'est le diable, l'antechrist, le pire ennemi de tout scénariste avec un minimum de dignité et d'éthique.
Il est donc important de rappeler que la comédie romantique, pour être réussie, doit faire plusieurs choses.
D'abord, elle doit faire croire à l'amour entre deux personnes, d'où ce mot à ne jamais oublier : l'alchimie. Une romcom sera toujours ratée quand un producteur se sera contentée d'aligner deux stars bankables qui n'ont rien à faire ensemble sans se préoccuper de l'étincelle qui peut naître de leur rencontre. Ensuite, elle doit être drôle. Et l'humour ne passe pas nécessairement par des éclats de rire bien gras. La tendresse est parfois (souvent) un bien meilleur allié de l'humour que les blagues pipi-caca (même s'ils peuvent êtres complémentaires). Enfin, la comédie romantique doit dire quelque chose. Une histoire d'amour n'est pas une vraie histoire de cinéma si elle ne dit rien sur la société, sur le sentiment ou sur les relations entre individus. Et pour ça, elle doit être pourvue de personnages tangibles et sincères qui ressemblent à vous et à moi. Pas à des êtres sans fond qui n'auraient d'autres problèmes que "trouver l'amour".
La comédie romantique doit servir à comprendre l'amour : pourquoi tombe-t-on amoureux ? comment tombe-t-on amoureux ? Voilà des questions que chaque scénariste de romcom devrait se poser. Voilà des questions auxquelles chaque scénariste de romcom devrait essayer de répondre. Et malheureusement, peu se les pose, plus occupé, sûrement, à singer des formules lues dans des livres.
Les meilleures comédies romantiques répondent à ces trois exigences. Nora Ephron, Cameron Crowe, Woody Allen se posent ces questions et, par conséquent, répondent aux trois exigences sus-mentionnés. Leurs films en sont la preuve concrète. Mais d'autres, moins visibles, moins reconnus, se la sont posés. C'est souvent moins abouti, peut-être moins ambitieux. Toutes ces exigences ne sont peut-être pas remplies entièrement mais ils ont essayé.
Voilà donc quelques comédies romantiques hollywoodiennes récentes (des années 2000) qu'aucun scénariste/réalisateur français ne cite jamais dans ses interviews mais bien plus réussies (et humbles) que leurs produits formatés, stéréotypés et sans imagination qu'ils veulent nous faire passer pour des petits bijous d'humour et de romantisme.