Après le dérangeant La Piel que habito, Almodovar revient à la légèreté de ses débuts avec une comédie soi-disant débridée. Sauf que tout sonne faux. Comme si une petite voix répétait en boucle au cours du film : « c’est débridé c’est débridé c’est débridé… ». Artificiel, pompeux et terriblement creux, Les Amants passagers est un avion sans pilote, condamné au crash.
Synopsis : Des personnages hauts en couleurs pensent vivre leurs dernières heures à bord d’un avion à destination de Mexico. Chacun en profite pour faire des aveux inattendus.
Almodovar revient à la pure comédie avec Les Amants passagers, dans lequel il convoque de nombreux habitués de son cinéma pour des numéros d’acteur qui se veulent ébouriffants.Sauf que dans cet avion en toc, la farce tourne à vide. Chaque personnage a sa petite histoire à réciter, son petit problème à résoudre, qui vient toujours comme un cheveu sur la soupe. Comme si le réalisateur espagnol n’avait décidément rien à raconter et comptait entièrement sur des personnages hauts en couleur.
On sent le scénariste essayant sagement de fabriquer, pour chacun des personnages de l’avion, une petite anecdote bien à lui, des petits enjeux qui viendraient pimenter l’ensemble. Et le film n’est que ça : une succession d’intrigues secondaires jamais intéressantes qui ne trouvent aucune résonance les unes avec les autres.
L’action se perd dix minutes durant dans les rues d’Espagne pour nous conter des événements périphériques d’une banalité à faire peur. Quand cette aventure devient un cul-de-sac, Les Amants Passagers remonte à bord et s’intéresse arbitrairement à un autre protagoniste, à une autre histoire qui tournera court comme la précédente. L’enchaînement révèle un cruel manque d’idées et de cohérence.
On lit ici et là que le cinéaste aurait voulu faire de la situation de l’avion de son film une métaphore de celle de son pays. Vu sous cet angle, on est devant un objet lourdingue et grossier et on se dit que décidément Almodovar n’avait rien à en dire.
Jamais drôle, jamais profond, jamais prenant, Les Amants passagers est un calvaire de 90 minutes. Les récits ne mènent nulle part et finalement, on s’en fout. Ils pourraient tous se crasher, untel pourrait mourir, untel et untel pourraient tomber amoureux ou coucher ensemble qu’on aurait toujours qu’une envie : que ça finisse au plus vite.
Quant aux gags et aux personnages en eux-mêmes, ils sont d’une vacuité impressionnante. On dirait qu’Almodovar parodie son propre cinéma. L’outrance est artificielle, les répliques « osées » sont faibles et consensuelles, et les homosexuels du film sont tellement too much qu’ils deviennent vite agaçants et caricaturaux.
On retient quand même un plan : la caméra parcourt doucement l’espace lugubre d’un aéroport abandonné tandis que seule la bande sonore nous avertit d’un atterrissage compliqué.
Le reste est une accumulation de clichés et d’anecdotes artificielles, sans début, sans fin, sans but, sans inspiration, d’une pauvreté embarrassante, comme l’annonçait déjà la scène d’ouverture entre Penélope Cruz et Antonio Banderas, d’une banalité consternante. Le pire film de Pedro Almodovar.
Note : 0/10
Les Amants Passagers (titre original : Los Amantes pasajeros)
Un film de Pedro Almodóvar avec Javier Cámara, Carlos Areces, Raúl Arévalo et Lola Dueñas
Comédie – Espagne – 1h30 – Sorti le 27 mars 2013