Une étrange pratique

Appris ce jour une étrange pratique mise en place par quelques producteurs de très haut niveau qui constatent avec regret que leurs ventes "haut de gamme" sont en train de fondre doucement.

On sait qu'il est délicat pour tout producteur de devoir baisser sensiblement le prix de ses vins quand le marché le commande, pour une raison facilement compréhensible par tous : les acheteurs des millésimes précédents ont un mal fou à accepter que leurs achats des années précédentes soient ainsi dévalorisés, surtout quand ces achats ont été faits dans une optique "investissement" avec volonté de création de plus-values futures.

Ce qui se passe un tantinet pour quelques millésimes de Lafite et de Carruades acquis trop chers et trop précipitamment par des investisseurs novices dans le monde du vin. Plus d'un acheteur de ce premier de prestige ont vu fondre, ces derniers mois, la valeur de leurs achats intempestifs.

Comme ces producteurs (là, je ne parle pas des Rothschild) ne veulent pas trop baisser leur prix de ces cuvées "haut de gamme", ils feraient la chose suivante (j'insiste sur le conditionnel) :

- mettre une nouvelle étiquette, un nouveau bouchon style deuxième ou troisième vin, sur ces vins invendables à prix fort. Et là, avec la nouvelle étiquette, ils peuvent proposer ces vins à prix nettement plus doux.

Triple avantage :

- le producteur réduit ses stocks

- des clients vont se trouver avec une étiquette "second" devant un vin "premier": de quoi impressionner.

- et les clients des anciens millésimes garderont l'illusion de la forte valeur de ce qu'ils ont acquis.

J'attends une session du GJE où on aura ainsi le même jus mis dans des bouteilles portant des étiquettes différentes. 

En fait, en y réfléchissant : qui est perdant dans l'histoire ? Le producteur dégage des stocks et les anciens comme les nouveaux acheteurs ne sont pas perdants.

Bon, qu'une tricherie soit positive ne permet quand même pas une bénédiction papale de la chose. 

CQFD ? 

Va savoir, Charles !

HORS SUJET

On a parlé ce matin aux infos sur France2 d'une grosse étude américaine qui prédit de sérieux changements dans les vignobles, eu égard aux changements climatiques.

Pour qui pige l'anglais, article : ICI

Aussi sur le NYT : ICI