Parfois on tombe de haut (plus haut que de la balançoire) et on se rend compte que la vie qu’on a bâtie tranquillement peut s’effondrer comme ça, d’un seul coup. On se rend compte qu’on ne vivait que sur des mensonges, qu’on a pris des vessies pour des lanternes et qu’on s’est bien fait berner. On se rend compte qu’on est une idiote, une naïve… une femme trompée.
Dur constat pour Pauline que son mari vient de quitter pour sa meilleure amie et qui doit s’organiser pour la garde alternée de leurs 3 enfants encore tout jeunes, mais qui doit surtout faire face à la situation, l’assimiler, l’accepter. Elle a l’impression de partir en lambeaux et elle serait capable de se foutre en l’air si ses trois bambins ne la retenaient pas à la vie. Elle sombre dans une dépression, entourée au départ par la famille et des amis bienveillants, mais qu’elle fait ensuite fuir par son attitude, ce qui semble être sa résolution à ne pas vouloir s’en sortir, tourner la page, repartir d’un bon pied.
Elle n’arrive même pas à se réjouir de ce que sa rivale soit soudainement décédée (dans des circonstances étranges) et du fait que son mari se retrouve finalement aussi seul qu’elle. Elle voudrait se venger, elle tente quelques efforts pour faire des rencontres, elle essaye aussi de ne pas rembarrer sa psy de mère qui a parfois une drôle manière de l’aider… Son seul réconfort : s’imaginer veuve. Imaginer que ce salaud d’ex-mari est mort.
J’ai retrouvé avec très grand plaisir la plume de Emmanuelle Urien découverte dans Tous nos petits morceaux. Une écriture incisive, sensible, où l’émotion affleure sans cesse, et un mélange détonnant avec certains passages bourré d'humour, parfois grinçant. Mais j’ai pourtant trouvé que l’auteur était « meilleure » dans l’écriture de nouvelles que pour ce roman, qui m’a semblé un peu long. Je pense qu'ici sa plume se délie trop et qu’elle y perd en densité, en force, des qualités qui m’avaient impressionnée dans les nouvelles. Sans doute est-ce dû aussi au caractère de Pauline, bien trop larmoyante à mon goût, à qui j’avais une furieuse envie de botter les fesses, et dont la peine m’a touchée au départ, et puis ensuite énervée, parce que, ok, elle est malheureuse, mais il y a un moment où il faut quand même se prendre en main, surtout si on a des enfants. Elle se complait dans sa douleur, et bon, au bout d’un moment, c’est un peu lassant ! (mais c'est aussi mon caractère, vous qui me connaissez savez bien qu'à chaque fois qu'une femme pleure ou se plaint, je râle !).
Dommage également que certains aspects de l’histoire ne soient pas plus creusés : l’amie voleuse du mari meurt dans des circonstances bizarres, mais ça n’est pas creusé dans l’histoire… j’aurais aimé en savoir plus, que Pauline soit suspectée ou découvrir une sous-intrigue.
Il y a cependant des petites merveilles à retenir : cette doulhaine que ressent Pauline, un mélange de douleur et de haine que je comprends vraiment bien, que j’ai comme "visualisé" (et aussi vécu quand j'étais plus jeune...). J’ai également bien aimé le personnage de Max, l’homme que la jeune femme rencontre sur Meetic (ou je ne sais plus quel site de rencontres) et qui deviendra un ami fidèle, aux conseils parfois obscurs, mais souvent pleins d’humour.
J’ai également mieux apprécié la fin du roman quand Pauline se bouge enfin et qu’elle reprend les rênes de sa vie. Quant au dénouement, eh bien, je ne vous en dis rien, car au final voici malgré tout un très sympathique roman et je ne voudrais pas gâcher votre plaisir de lecture !
Le site de Emmanuelle Urien. Un roman lu également par Cathulu, Clara, Françoise Guérin, et Leiloona qui a écrit dans son billet exactement ce que j'ai ressenti.
Un très grand merci à Emmanuelle Urien pour m'avoir offert son roman, et je compte bien lire au plus vite ses autres textes !