Début de la construction de l’usine Airbus en Alabama.
ŤC’est la transformation d’Airbus en entreprise véritablement mondialeť a affirmé Fabrice Brégier, président exécutif de l’avionneur européen, face ŕ un parterre d’officiels de la ville de Mobile et de l’Etat d’Alabama. Un investissement de 600 millions de dollars qui va donner naissance ŕ une usine capable d’assembler chaque mois quatre appareils de la série A320. Lesquels seront principalement destinés ŕ des clients américains, le tout premier appareil étant d’ores et déjŕ attribué ŕ JetBlue.
Il arrive que le hasard et le monde des affaires fassent curieusement les choses. Mobile fut la premičre capitale de la Louisiane française, en 1702, sous l’appellation de Fort Louis de la Louisiane. Voici ŕ présent son parc industriel de Brookley Aeroplex terre d’accueil de la premičre grande implantation nord-américaine d’Airbus, un clin d’œil de l’histoire, mais passé sous silence pour éviter la moindre tentation de nationalisme économique, évidemment inappropriée.
Du beau monde a été réuni pour une cérémonie trčs officielle, mais souriante. Laquelle s’est ouverte par une standing ovation : de toute évidence, Airbus est plus que bienvenu ŕ Mobile, avec la promesse d’un millier d’emplois directs, quatre fois autant grâce ŕ de multiples effets induits. Et, avec le prestige en prime, le Brookley Aeroplex changeant de catégorie avec l’arrivée de ce nouvel hôte.
L’événement apparaît ainsi de portée avant tout symbolique. Comme en Chine, Airbus va assembler et non pas construire des avions et un esprit mal tourné aurait peut-ętre le droit de se demander si cette prolongation géographique du Ťsystčmeť Airbus sur les terres de Boeing tient pas aussi de la provocation. A chacun d’en juger, en tenant compte du fait que cette implantation, ŕ l’origine, était justifiée par le choix par le Pentagone d’un A330 militarisé qui devait succéder aux KC-135RE de l’USAF. Il n’en fut rien, faut-il le rappeler, si ce n’est que Mobile fit une bonne impression durable auprčs des dirigeants d’Airbus et de sa maison-mčre EADS. Voici donc Mobile récompensée de ses efforts, au cœur de Ťl’Alabama business friendlyť. Airbus, a dit un édile local, Ťest exactement le partenaire qu’il nous fallaitť.
Il est vrai qu’Airbus est déjŕ chez lui aux Etats-Unis. A Mobile fonctionne un Engineering Center qui regroupe 200 ingénieurs et personnels de support, un centre encore plus important a été implanté ŕ Wichita, dans le Kansas, un service de pičces de rechange fonctionne 24 heures sur 24 ŕ Ashburn, en Virginie, un centre de formation se trouve ŕ Miami et la direction pour les Amériques est installée de longue date ŕ Herndon, ŕ proximité de l’aéroport de Washington.
Plusieurs centaines de fournisseurs américains livrent chaque année ŕ Airbus pour plus de 13 milliards de dollars d’éléments de tous types, c’est-ŕ-dire 42% du contenu moyen de l’ensemble des différents types d’avions de la gamme. Et davantage dans le cas de l’A380. Airbus estime qu’il assure ainsi 226.000 emplois aux Etats-Unis, un repčre plausible mais invérifiable dans son détail, et bien entendu contesté ici et lŕ, ŕ commencer par les élus de l’Etat de Washington, par définition amis inconditionnels de Boeing, qui ont la particularité d’avoir le verbe haut. C’est pourtant un combat d’arričre-garde, les deux avionneurs rivaux se devant implicitement de maintenir le duopole en pleine forme.
L’usine de Mobile, avant męme de sortir de terre, fait incontestablement figure d’événement majeur. Elle parfait la mondialisation d’Airbus et en affiche les ambitions mieux que le meilleur des slogans. Aussi la cérémonie a-t-elle été unanimement considérée comme Ťa ground-breaking dayť. Une affirmation pleinement justifiée.
Pierre Sparaco - AeroMorning