En révélant la vraie nature de ceux qui nous gouvernent et qui prétendent agir dans notre intérêt, la crise chypriote nous sert une leçon magistrale que nous devons impérativement retenir.
Par Nathalie Elgrably-Lévy.
Un article de l'Institut économique de Montréal.
Récapitulons les faits. Comme Chypre a largement financé Athènes, son système bancaire a subi des pertes de 4,5 milliards d’euros suite à la restructuration de la dette grecque l’an dernier. Pour un pays avec un PIB de 18 milliards d’euros, c’est énorme ! Évidemment, cela ne se serait jamais produit si la Grèce avait vécu selon ses moyens, si ses dirigeants avaient résisté à la folie dépensière, si le gros bon sens économique l’avait emporté sur l’ivresse du pouvoir.
La désinvolture de la classe politique a toutefois un prix. Aujourd’hui, le ministère de la Spoliation a remplacé le ministère des Finances, et les épargnants chypriotes doivent payer pour les dérives politico-économiques grecques.
Certes, Chypre est loin de chez nous. C’est peut-être ce qui explique pourquoi la stupéfaction initiale fait maintenant place à l’indifférence. Pourtant, en révélant la vraie nature de ceux qui nous gouvernent et qui prétendent agir dans notre intérêt, la crise chypriote nous sert une leçon magistrale que nous devons impérativement retenir. Une leçon douloureuse, presque insupportable, mais ô combien véridique : pour les États, la propriété privée n’existe pas. Ils considèrent plutôt que tout leur appartient. Ce que nous croyons posséder peut en réalité être saisi à tout moment, sans préavis ni recours possible.
Naturellement, nous refusons de penser qu’une telle attaque puisse se produire ici. Un vol aussi violent et immoral perpétré par un gouvernement élu, cela n’arrive qu’aux autres, n’est-ce pas ? Détrompez-vous !
Maintenant qu’un précédent a été créé, maintenant que le choc psychologique se dissipe et que la spoliation explicite est institutionnalisée, pourquoi d’autres gouvernements s’en priveraient-ils ?
N’oublions pas que le Québec est étouffé par un déficit important et une dette colossale, et que la multiplication des programmes sociaux, ajoutée à la générosité de l’État envers quelques privilégiés du système, a placé les finances publiques dans une situation insoutenable. Au cours des dernières années, les ministres des Finances semblaient d’ailleurs ne plus savoir à quel saint se vouer pour garnir les coffres de l’État. En septembre dernier, le Parti québécois était même décidé à créer un impôt rétroactif ! Cette semaine, la taxe sur l’essence ainsi que les tarifs d’électricité ont augmenté. Même les boissons gazeuses sont dans la mire du fisc !
Au Québec comme en Europe, les populations se sont laissé séduire par les promesses de l’État-providence. Au fil du temps, elles ont amplifié leurs demandes et les dirigeants, plus intéressés par leur carrière politique que par la santé économique de leur pays, leur ont fait croire l’impossible. Mais tout mensonge finit par être découvert, tout mirage finit par s’évanouir. Aujourd’hui, et plus que jamais, les États, y compris le Québec, ont une soif d’argent intarissable.
Je cherche une raison qui empêcherait Québec d’imiter le gouvernement chypriote, et je n’en trouve aucune. L’un des derniers remparts de la propriété privée a été lézardé : l’épargne n’est plus en sécurité !
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