Signe des temps qui montre qu’à part les artistes et les intellectuels qui grâce à la dimension « culturelle » de leur travail sont encore protégés, les cols blancs peuvent commencer désormais à se faire du souci quant à leur avenir professionnel.
La Banque Royale du Canada, la plus importante banque en matière d’actifs et de capitalisation boursière et une des principales sociétés de services financiers diversifiés en Amérique du Nord, va remplacer fin avril des dizaines de ses employés par des travailleurs temporaires venus d’Inde, selon une enquête du réseau anglais de Radio-Canada.
Ils sont dépêchés au pays par une multinationale de sous-traitance indienne qui a obtenu les visas par le biais du Programme des travailleurs étrangers temporaires.
Une telle mesure est l’illustration parfaite du comportement de bon nombre des élites et employeurs – en général à ce jour, des grandes entreprises mais combien de temps encore avant que le petit artisan ne s’y mette aussi- qui mettent à profit la misère et les bas salaires existant à l’étranger pour tirer vers le bas les salaires nationaux et mettre à bas la protection sociale sous le prétexte fallacieux de compétitivité .
La décision de la Banque Royale du Canada est d’autant plus inadmissible qu’en novembre 2012, elle avait annoncé un bénéfice net record de 7,5 milliards de dollars canadiens (autant de dollars américains) pour son exercice décalé 2012, un résultat en hausse de 17% sur un an, presque conforme aux attentes du marché et supérieur de plus de 1 milliard à celui de 2011.
Comble de l’ironie et du cynisme, ce sont les employés futurs chômeurs qui forment les nouveaux arrivants.
Il s’agit ni plus ni moins que d’une démarche de régression de plus d’un siècle et d’une mise à bas des conditions de travail protectrices des employés si chèrement acquises dans les nations occidentales qui démontre bien le système d’exploitation et d’accaparement que peu à peu remettent en place les nantis de ce Monde depuis les années 70: à vous les salaires de misère, à nous les richesses crées. Le XIX siècle fait son retour en force. L’intermède n’aura pas duré longtemps.
Les victimes expiatoires seront sans doute les travailleurs immigrés qui ne font qu’essayer de s’en sortir aux prix de sacrifices également considérables alors que rappelons-nous-le, la misère dans bon nombre de pays d’Afrique et d’Asie comme d’Amérique du Sud,à la base de cette émigration s’explique par le fait que leurs ressources sont pillées depuis des lustres pour notre profit avec des méthodes souvent condamnables: corruption, conflits, pollutions, …
Il est inévitable que la xénophobie va se banaliser par la généralisation de ce genre de mesure, mais n’est-ce pas aussi quelque chose de voulu et de soigneusement réfléchi? Les élites à l’origine de cela feront semblant de s’indigner et condamneront moralement les débordements, le moment venu. Alors qu’il est évident que par exemple, Aube Dorée en Grèce n’est pas une apparition spontanée mais bel et bien la création d’un système. Aucun hasard là dedans.
N’ayez crainte pour finir que les élites sauront utiliser la fibre patriotique, la défense de la nation, l’intérêt du peuple pour envoyer nos enfants à la guerre à des milliers de kilomètres de chez eux pour des raisons inventées de toutes pièces lorsque leur intérêt l’exigera.
Il serait illusoire de penser que ce qui se passe au Canada est loin de chez nous. La culture économique est en effet bien la même et le marché transatlantique qui se prépare pour 2015 ne fera qu’accélérer le mouvement, il est fait pour ça. Sans parler des pratiques du salarié low-coast internes à l’Union européenne déjà évoqué maintes fois.
Source: Radio-Canada