Paris, le 16 avril 2008. Echec de l’agriculture productiviste et incapacité des OGM à éliminer la pauvreté, la faim sont les constats principaux de la première évaluation générale de l’agriculture mondiale, publiée le 15 avril et menée par un panel d’experts de tous les pays. Les pratiques destructrices de l’agriculture intensive doivent être remplacées par des techniques de culture respectueuses de l’environnement. A l’heure où l’on débat en France d’un loi sur les plantes génétiquement modifiées, et où les firmes biotechnologiques présentent leur produit comme des solutions à la crise alimentaire, ce constat est d’importance.
Quelque soixante gouvernements ont signé le rapport final de l’Evaluation Internationale des Sciences et Technologies au Service du développement (International Assessment of Agricultural Science and Technologie : IAASTD) lors d’un rassemblement, la semaine dernière, à Johannesburg en Afrique du Sud. Les Etats-Unis, le Canada et l’Australie ont été les seuls pays à ne pas approuver ce rapport. Ces derniers, ainsi que l’industrie de l’agrochimie et de la biotechnologie, accusent l’évaluation d’être biaisée.
Le rapport de l’IAASTD a réuni plus de 400 scientifiques agricoles connus du monde entier, sélectionnés par tous les gouvernements participants, les industriels et les ONG, dont Greenpeace. Ce compte-rendu, qui prend en compte les aspects agricoles, scientifiques et technologique est le plus complet jamais écrit.
« Ce rapport prouve que nous pouvons produire plus de nourriture et de meilleure qualité sans mettre en péril les modes de vie ruraux et les ressources naturelles. Ce mode de production moderne qui favorise la biodiversité, implique une agriculture intensive en accord avec l’environnement déclare Benny Härlin de Greenpeace, qui est membre du bureau de l’IAASTD. Nous demandons aux gouvernements et aux agences internationales d’augmenter leurs aides et de les affecter à la révolution agricole, basée sur une approche agro écologique. Les révolutions vertes du passé, avec leurs consommations d’énergie intensives et leurs produits toxiques ont laissé un sillage de destruction derrière elles. »
L’IAASTD appelle à un changement fondamental de notre manière de cultiver, afin de contrer la hausse des prix alimentaires, la faim, les inégalités sociales et les désastres environnementaux. Il dénonce aussi certaines pratiques très destructrices qui ont dominé l’agriculture et convient que les plantes génétiquement modifiées ne joueront pas de rôle substantiel dans des problèmes clé comme le changement climatique, la perte de biodiversité, la faim et la pauvreté. A l’heure ou l’on débat en France d’un loi sur les plantes, et où les firmes biotechnologiques présentent leur produit comme des solutions à la crise alimentaire, ce constat est d’importance.
Le rapport explique aussi que l’agriculture à petite échelle et que des méthodes agro-écologiques sont les solutions du futur pour faire cesser la crise alimentaire actuelle et pour répondre aux besoins des communautés locales. Il reconnaît que l’agriculture a une fonction à la fois environnementale et sociale et que les connaissances autochtones et locales jouent un rôle aussi important que la science formelle. Il soutient aussi le concept de souveraineté alimentaire nationale et locale. Une telle souveraineté alimentaire est vitale pour protéger les plus pauvres des crises alimentaires.
« Cette situation de dépendance envers les prix des cultures mondiales, la spéculation, les semences et autres entrants, qui sont contrôlés par quelques multinationales, est un véritable baiser de la mort aux petits exploitants, dénonce Benny Härlin. Nous demandons à tous les gouvernements et aux institutions internationales de suivre ces conclusions progressistes afin de révolutionner l’agriculture en profondeur. »
Des articles sur le rapport de l’IAASTD
Le Monde
Les Echos
Jeu de briques
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Bubble