Cette semaine, 37°2 vous invite à l’apéritif chez Jacques, 80 ans. C’est le 14 juillet, le soleil de midi est chaud et la famille s’est installée à l’ombre pour boire le pastis. Autour de la table, il y a Jacques et sa femme Céline, leur fille accompagnée de son mari et de sa propre fille (l’une des petites filles de Jacques et Céline.)
Jacques était orphelin. Il avait huit ans en 1940.
Vous ne l’entendrez pas raconter la mort de son père en moto, alors que sa mère était enceinte de lui hors-mariage. Il ne vous dira pas non plus comment cette jeune fille-mère de la grande bourgeoisie a alors abandonné à la naissance l’enfant qu’il était, ni comment, bien des années plus tard, alors que Jacques était devenu adulte et avait fondé sa propre famille, une dame inconnue s’est présentée chez lui :
« Bonjour, vous ne me connaissez pas mais je suis votre tante, la sœur de votre mère. Celle-ci vient de mourir ».
Vous entendrez Jacques évoquer ses souvenirs d’enfance pendant la guerre, dans des familles d’accueil, lesquelles ne faisaient cela bien souvent que pour l’argent.
Vous ne comprendrez pas tous les détails de cette histoire de famille, mais vous entendrez ces trois générations réunies partager un moment privilégié. Jacques, qui n’entend plus beaucoup et se fait désormais discret pendant les réunions de famille, s’est mis ce jour-là à parler, à raconter, à transmettre sa mémoire.
Le micro était là, sur la table, presque par hasard, entre les chips et les glaçons. Le micro était là, sur la table, et tout le monde l’avait oublié.
Un documentaire de Marine Beccarelli