SHOEGAZE – The Besnard Lakes nous vient tout droit du Canada (Montréal) dont le groupe tire son nom des lacs de la province du Saskatchewan. Mené par le couple Lasek/Goreas, le combo est entre de bonnes mains. À tel point qu’il a déjà été nominé deux fois pour la remise du très mythique Polaris Music Prize sans l’obtenir toutefois. Revendiquant des influences tirées tant du post-rock que des Beach Boys, le quatuor a toujours su captiver son monde y compris des pointures du rock québecois. Certains membres de Godspeed You Black Emperor - pour ne citer qu’eux - n’ont en effet pas hésité à collaborer avec le groupe. En forme et bien entouré, après deux demi-succès médiatiques, le combo va-t-il enfin dépasser cette pseudo-reconnaissance du milieu et obtenir la place qu’il mérite ?
Chaque titre est un voyage supporté par une orchestration subtile, mélodieuse et délicate. C’est toujours un miroitement de guitares, de basse et de batterie qui nous fait plonger comme dans un liquide fœtal où la sensation de plénitude prend le dessus sur la réflexion. Plus concrètement, le groupe introduit souvent ses titres au moyen de sons électroniques ou synthétiques : chants de baleines, bruit léger de sonar brouillé ne sont que quelques échantillons. La batterie, légère et délicate, se contraste de violents mais brefs coups de cymbales. Guitares et basse s’entrecroisent par paliers pour nous faire ressentir les forces positives d’un abysse qu’on ne veut plus quitter.
Cette impression constante de volume, de profondeur et de liquidité s’accentue grâce à un travail des sons extrêmement poussé. Les guitares sonnent post-rock ou indie – voire les deux – et sont toujours agrémentées d’un grain riche qui ne cesse de muter. La basse, chaude et ronde, structure l’univers marin et fournit les oscillations nécessaires à la sensation des courants. La batterie, quant à elle, joue sur une rythmique fluide mais percutante qui évoque le mouvement à la fois puissant et caressant des océans. C’est sans compter le jeu subtil des volumes sonores. Le groupe en joue sur chaque morceau ce qui crée de véritables résonances vibratoires et magnétiques, comme le choque entre les rayons du soleil et des milliards de gouttes d’eaux.
En guise de bouquet final, relevons encore la performance vocale du couple Lasek/Goreas qui, en plus d’adjoindre toutes sortes d’instruments secondaires (piano, xylophone, orgue…), nous hypnotise complètement. Évoluant au chant dans un registres pop rock 60’s/70’s planant, le duo vocal porte à lui tout seul une grande diversité de thèmes propre à cet univers. Tantôt il s’agirait de l’escapade, tantôt de l’érotisme, tantôt du repos, de la rencontre, de la plongée en soi, etc.
Album majestueux, ce quatrième opus, espérons-le pour The Besnard Lakes, mériterait vraiment de célébrer leur consécration. D’une richesse incroyable, le dernier né du quatuor marque un savoir faire et une maîtrise peu commune. Véritable orchestre symphonique à lui tout seul, le combo nous fais passer du rêve à la sérénité avec une facilité déconcertante. A la fois technique et poétique, leur dernière production suscite en nous un sentiment de joie et de tranquillité puissant. Travail de maître orfèvre, UNTIL IN EXCESS, IMPERCEPTIBLE UFO saura en combler plus d’un ainsi que tous les aficionados de « shoegaze ».