Magazine Hockey
Source : Rds.ca
J’ai finalement choisi d’attendre à aujourd’hui pour partager mes réflexions hebdomadaires, car je me disais que la semaine qui se termine allait nous révéler plein de choses sur le Canadien et sur le nouvel équilibre des forces dans la Ligue nationale de hockey. Cinq matchs en huit soirs pour le CH contre des adversaires redoutables ou désespérés, une période de transactions passablement remplie, bref, il y avait matière, comme on dit.
Cela dit, ce que je retiens principalement de cette dernière période surchargée, c’est un tout petit mot de quatre lettres, prononcé avec sincérité par Michel Therrien lors de son entretien traditionnel avec la presse, samedi soir, après le match contre les Bruins. Ce mot, c’est « fier », comme dans « fier de mes joueurs ». Jusqu’ici, l’entraîneur du Canadien avait souvent parlé de chimie, d’esprit d’équipe, de combativité, d’engagement, de respect des plans établis, de profondeur, de partage des responsabilités, de leadership, de l’humilité, de l’oubli de soi, de l’approche « un match à la fois », des leçons apprises par les jeunes… Mais « fierté », la sienne, admise publiquement ? À ma connaissance, c’est la première fois qu’on l’entend le faire avec une telle émotion. C’est comme si les joueurs du Canadien avaient finalement atteint, hier soir, le privilège absolu d’une telle reconnaissance.
Il faut dire que l’occasion s’y prêtait en tous points. Avec une fiche de quatre victoires et une seule défaite au cours de la dernière semaine, le Tricolore a réussi encore une fois à dépasser les attentes raisonnables. Il y eut en plus quelques petits bobos, ici et là, qui sont venus compliquer la vie de l’équipe. Il y eut cette période de transactions, naturellement dérangeante pour n’importe quelle formation de la LNH. Mais il y eut surtout la rencontre de samedi, contre Boston. Elle fut le point culminant, par le résultat final, bien sûr, mais surtout par la façon avec laquelle le Canadien a pu arracher la victoire à son grand rival.
Ce fut tout simplement une grande démonstration de détermination, de discipline et de courage, particulièrement à partir de la blessure à Alexeï Emelin.
Josh Gorges, pour un, a encore une fois été celui qui a le mieux démontré toutes ces qualités. Utilisé plus de 26 minutes, le défenseur a été une véritable source d’inspiration pour ses coéquipiers. Officiellement, au sommaire, il a bloqué 6 tirs mais il fut au cœur de quantité d’autres situations défensives contre les énormes joueurs des Bruins que sont Lucic, Horton et Jagr. Les quatre autres défenseurs du Canadien méritent une très bonne note, certes, mais Gorges est celui qui aurait dû lancer les rondelles aux partisans, à titre de première étoile, même si Galchenyuk a disputé un fort match.
Après sa 25e victoire, avec 55 points en banque, avec la forte probabilité d’amorcer les séries à domicile et avec une équipe restée intacte après la période de transactions, Michel Therrien a probablement senti que le moment était venu de dire tout haut ce qu’il pense de ses joueurs depuis le début de cette courte saison. Et il y a tout lieu de croire que le petit mot de quatre lettres a été entendu haut et fort dans le vestiaire de l’équipe.
Cher, cher, cher…
Voilà un autre petit mot de quatre lettres que je retiens de la dernière semaine. « Cher », comme dans le prix payé pour des joueurs rendus disponibles par différentes équipes de la LNH. Un très bon exemple est la transaction qui a envoyé Robyn Regehr à Los Angeles. Les Kings ont cédé aux Sabres deux choix de deuxième ronde (2014 et 2015) en retour de ses services. On parle ici d’un défenseur qui a ralenti, qui n’avait que deux passes à sa fiche avec Buffalo, qui affichait un rendement de moins 4, qui joue avec moins de robustesse que par le passé et qui sera libre comme l’air la saison prochaine.
Un choix de deuxième ronde peut, à la base, paraître négligeable, mais attention mes amis, au cours des années récentes, on parle, par exemple, d’Alex Chiasson qui a été rappelé par Dallas au cours des dernières heures et qui a marqué son premier but dans la Ligue nationale, de Jakob Silfverberg et Robin Lehner qui sont au cœur de la reconstruction des Sénateurs à Ottawa, de Ryan O’Reilly qui a amassé 55 points au Colorado la saison dernière. En remontant un peu plus loin, un choix de deuxième ronde, c’est P.K. Subban, Derek Steppan, Milan Lucic, James Neal, Duncan Keith, etc.
Mais attention, les Kings ne furent pas les seuls à agir ainsi. Le défenseur Douglas Murray, qui sera aussi autonome cet été, aura coûté exactement le même prix aux Penguins s’il reste avec eux dans l’avenir. Jordan Leopold, lui, a notamment coûté un choix de deuxième ronde aux Blues (donnant ainsi aux Sabres trois choix supplémentaires de deuxième ronde au cours des trois prochaines années !).
Et que dire des Capitals qui ont sacrifié leur premier choix de 2012, Filip Forsberg (11e au total) en retour de Martin Erat, qui n’avait que quatre buts à Nashville, cette saison ?
La situation de certaines équipes permet peut-être ce genre d’extravagances et je comprends les Penguins, par exemple, de s’y adonner, eux qui ont un noyau qui leur permet déjà de rêver à la Coupe Stanley en 2014 ! Mais dans le cas d’autres formations, cela est très difficile à expliquer. En tout cas, bravo à Marc Bergevin de ne pas avoir hypothéqué l’avenir de son équipe en participant à un tel cirque. Il aurait été dommage que la première vraie reconstruction du Canadien depuis des lunes soit ainsi mise en péril !