Ça va bientôt faire dix ans que Les Shades balancent leur rock moderne (En ce qui me concerne, je suis un garçon moderne) avec deux albums et un EP (moins rock) à leur actif. Dernièrement, le quator Parisien a pris son destin en main en auto produisant son dernier album de A à Z, grâce à leur propre label Maladie Mentale.
Comme sur leur précédent album, 5/5, Les Shades partent toujours en guerre. A voir les titres (Hors de moi, Dernier Cri, Sang d’encre, Ennemi Public), ils crient leur colère. C’est Benjamin Kerber, le chanteur qui écrit les textes, et celui-ci semble avoir encore des comptes à régler.
Au départ, je dois l’avouer je n’étais pas fan de 1989. Je trouvais le son trop brut, rock garage, pas un style que j’aime particulièrement. Mais on peut reconnaître au titre une certaine énergie communicative. Et avec le temps, 1989 est devenu une sorte d’exutoire, un échappatoire de mauvaises ondes. Hors de Moi (dont le nouveau clip vint de sortir aujourd’hui) est dans le même ton : énergique, nerveux.
La Caverne fait parti de mes titres préférés. J’aime beaucoup la mélodie, enivrante et vertigineuse, elle me rappelle le début des Strokes (autant dire rien à voir avec le dernier album, Comedown Machine).
Le timbre juvénile du chanteur peut rebuter, chez moi c’est l’effet inverse. Surtout qu’elle peut se faire plus rocailleuse sur des titres comme Mandragore.
Nelly est aussi un titre qui m’a accroché, en ayant même juste entendu un extrait d’1min30 sur iTunes. Le résultat complet est convaincant. Ici la voix douce du chanteur raconte l’histoire vraie de sa grand-mère qui tenta de venger le collaborateur qui dénonça son frère déporté.
Vertige aurait pu être écrit par le regretté Daniel Darc. Les m(aux)ots au sens corporels (épaule, main, peau) sont tous aussi bien chéris par l’ex chanteur de Taxi Girl. Il n’est pas étonnant de savoir que Benjamin Kerber est un admirateur du chanteur.
Donnes moi la main ou ton épaule
J’ai besoin de repos
Et si demain, je me retrouve seul,
Le vertige aura ma peau
Pas si éloigné donc de leur précédent album 5/5, on retrouve une suite au titre Dans les Artères, avec un ton moins fédérareur. D’ailleurs, dommage qu’Hugo ait quitté le groupe. Ses synthés se marient parfaitement aux guitares énervées du groupe.
L’album ne laisse pas de répit à l’ennui. Les couacs qui me rebutaient aux premières écoutes, s’effacent petit à petit pour laisser place à un plaisir renouvelé. Les Shades s’éclatent, et espérons qu’il ne rendront pas réel le refrain du titre Dernier Cri : Ne soyez pas surpris si c’est mon dernier cri.