Parmi les interventions lors de Tourisme Numérique, le Forum de Deauville les 25 et 26 mars dernier, celle de Claude Bénard sur le marché chinois a fortement éveillé l'intérêt !
Claude Bénard était particulièrement pertinent sur ce sujet, en tant que Chief representative pour l'Europe de Dragon Trail, Consultant pour le COTRI (China Outbound Tourism Research Institute) et rédacteur de ChinaTravelTrends.com. Son intervention débute par un message fort qui consiste à dire qu'il nous faut passer du "Made in China" au "Made for chinese" ! La Chine sera en 2013 le premier pays émetteur de touristes en 2013 avec 95 millions de touristes, et probablement le premier pays récepteur d'ici 2015, avec notamment une clientèle plutôt aisée, relativement jeune (25-45 ans), hyperconnectée et privilégiant de plus en plus le voyage individuel ou en groupe auto-organisés, comme nous le rappelait le mois dernier ce billet de François Perroy.
Néanmoins, force est de constater que nous faisons face à de nombreux freins aujourd'hui pour accueillir cette clientèle, qui demande la création de services spécifiques, un accueil dans la langue (même si la plupart parlent anglais) délicat à mettre en oeuvre, ainsi qu'un accueil numérique, une promotion digitale sur lesquels peu de destinations se sont encore positionnés. De plus, les problèmes d'obtention de visa sont encore présents, et conduisent beaucoup de chinois à "débarquer" en Europe via l'Allemagne, pour lesquels ils sont plus rapidement délivrés.
L'aspect digital est particulièrement important dans ce pays qui compte plus de 550 millions d'internautes (800 millions d'ici 2015) et 420 millions de mobinautes particulièrement actifs. D'où l'obligation d'une forte présence en ligne (comme s'y emploient par exemple l'Australie ou encore le Canada) afin de promouvoir son offre auprès de cette clientèle.
Mais au-delà de l'écueil linguistique, la Chine a élevé une véritable muraille numérique, dénommé "Great Firewall of China", bloquant de nombreux sites et réseaux étrangers (Google, Facebook, Youtube, Twitter, ...). Cela nécessite par exemple de faire héberger son site directement en Chine, car les pages hébergées à l'étranger nécessiteront 20 à 40s de temps de téléchargement, proprement rédhibitoire à toute consultation. Ainsi, chacun des ser vices que nous avons l'habitude d'utiliser connaît ses homologues chinois. Baïdu est l'équivalent de Google, avec 70% de part de marché. Sina Weibo est le réseau social le plus développé avec 500 millions d'utilisateurs enregistrés, mixant Facebook et Twitter, Youku héberge des vidéos à l'instar de Youtube, Poco des photos comme Flickr, ...92% des internautes chinois sont actifs dans les réseaux sociaux, et 46% des chinois font bien davantage confiance aux entreprises présentes sur les réseaux sociaux (33% pour le Japon, 25% pour la France, 12% pour l'Allemagne).
Les sites spécialisés dans le tourisme connaissent une forte hausse (+300% pour le TO en ligne Tuniu), de même que les applications mobiles dédiées à ce secteur. Sina Weibo a d'ailleurs créé un réseau social spécifique au tourisme, avec Tripshow.
La puissance quantitative et qualitative du web et du tourisme chinois laisse sans voix, et il est donc grand temps de s'investir sur ce marché adepte du luxe, de gastronomie et oenologie, et donc potentiellement de nos destinations. Nul doute qu'un accompagnement particulier, et sur place sera nécessaire, afin de créer un relationnel B2B, toujours long à initier, puis de se doter et animer les outils indispensables pour le C2C, tels qu'un site traduit, hébergé en Chine, ainsi que des comptes dans les principaux réseaux sociaux nationaux que sont Sina Weibo et Tripshow.
Au-delà des exemples fournis par Claude Bénard à l'issue de son intervention que je laisse consulter ci-dessous, Le Parisien revenait récemment sur la stratégie du Paris Saint-Germain qui s'appuie sur une présence dans ces réseaux sociaux, et un ambassadeur de marque en la personne de David Beckham, qui n'a pas hésité à aller y passer une semaine à quelques jours d'une grosse échéance footballistique. Et vous, vous avez un ambassadeur pour aller toucher la Chine ?