Quelle mouche a bien pu piquer la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) ? Les services de renseignement français sont en effet au centre d’une histoire rocambolesque qui démontre, s’il en était besoin, la grande méconnaissance des autorités sur les principes qui régissent internet.
La DCRI a en effet convoqué Rémi Mathis, conservateur à la BNF dans le civil, et surtout représentant bénévole de la fondation Wikimedia en France, afin de lui ordonner la fermeture d’une page Wikipedia concernant la station hertzienne militaire de Pierre-sur-Haute. Les grandes oreilles de l’État lui reprochent d’héberger des informations classées secret-défense, et ne sachant pas comment s’y prendre pour supprimer ladite page, a convoqué Mathis jeudi dernier pour lui en intimer l’ordre. La méthode, passablement autoritaire, a poussé l’administrateur à obtempérer aux ordres, même s’il n’a pas participé ni de près ni de loin à l’élaboration de l’article.
Le hic, c’est que cette page ne contenait aucune information sensible. Elle se base en fait sur l’interview d’un major, chef de la fameuse station, diffusée dans une vidéo libre d’accès ! La nature collaborative de Wikipedia a rapidement permis à la page de revenir en ligne, et a même été traduite en anglais et en allemand. Elle figure désormais à la première place des pages les plus consultées en France, devant celle sur les attentats du 11-Septembre et sur Jérôme Cahuzac ! Question discrétion, c’est plutôt râpé.