« Notre époque est peut être celle d’une épidémie des choses « est la première phrase d’un traité d’un jeune philosophe Tristan Garcia (in « Traité sur les choses -, forme et objet, » livre difficile et important) que je mettrais en résonnance avec une phrase du conseiller de Beppe Grillo, le discret Gianroberto Casaleggio : « 100 pour cent des informations sur la toile sont produites par 10 pour cent des utilisateurs » (in « Le Monde » du samedi 23 mars) que je mettrais en résonance avec les propos d’Antonio Damasio (in «L’autre moi-même ») « la gouvernance d’un organisme multicellulaire est hautement décentralisée, même si les centres de commandes sont dotés de pouvoirs très développés d’analyse et de décisions ».
Le même Damasio, montre bien que les neurones existent au bénéfice de toutes les cellules du corps et ne sont pourtant pas essentiels au processus de la vie, ils fonctionnent en réseau et ne se régénèrent pas dans une mesure significative (comme d’ailleurs les cellules du cristallin et du cœur). Il décrit avec force la puissance et le rôle de l’homéostasie, explique l’obsession humaine pour l’assignation de valeur, les différences entre la vie et la survie, la puissance des mécanismes d’incitation, les fondements des modes de prédiction optimisés des cerveaux, les distinctions entre les émotions et les sentiments, la montée en puissance de la conscience,…
3 propos qui dessinent un cadre que les écologistes seraient bien inspirés de prendre plus en considération. S’ils veulent gagner en crédibilité de la part d’un grand public.
1. L’épidémie des choses contribue à ce que tout soit considéré au même plan, à la même valeur, réduit le temps à un présent immédiat mortel. On assiste à une provincialisation du temps disait quelqu’un l’autre jour.
2. Le coup des 10 pour cent pourrait être complété par 1 pour cent produisent les 90 pour cent des informations clés et nous invite à mieux penser le réseau global.
3. Quand aux propos de Damasio, ils nous poussent à un double mouvement : renforcer l’autonomie locale et donc le partenariat avec la société civile et mieux comprendre la nature des centres ce commande ce qui pourrait être un des enjeux d’un Think tank digne de ce nom, à condition qu’il balaye large.
De plus, l’exaspération est telle aujourd’hui que nous serions inspirés de nous centrer sur des questions névralgiques. Comment sortir du sentiment fort répandu d’impossibilité de faire bouger les choses sans être chimérique et sans verser dans la facilité. Telle est le cœur de ce que nous avons à aborder (si nous continuons à estimer que nous l’avons trouvé, c’est mal parti ; l’affaire Cahuzac montre bien la profondeur des choses et leur implication dans les mentalités et n’est pas une question de simple morale).
- Un première piste est bien évidemment de se concentrer sur ce qui existe déjà comme expériences dignes d’être plus connues en mettant les universitaires et étudiants au boulot pour dégager les conditions qui le les ont rendues possibles. En les labélisant au sein d’un organisme reconnu d’utilité publique ( ?), en les mettant en valeur réellement sur un site internet digne de ce nom.
- Une deuxième piste serait de lancer un vaste débat sur les douze chantiers fondamentaux à faire émerger. 12 ce n’est pas innocent, c‘est 4*3, cela induit un « 4 » qui donne le rythme et une ternarité essentielle à l’humain.
Un de ces chantiers serait évidemment sur les sciences et je peux vous dire que la découverte par exemple dans « Popular science » de la capacité à se mettre brusquement à bien jouer du piano d’une personne, suite à un accident qui lui a endommagé la moitié du cerveau est hautement plus importante dans l’évolution des mentalités que la plupart des infos du jour.
j'ai déjà proposé plusieurs versions des douze.
Une troisième piste serait plus conceptuelle. Il s’agirait de pointer quels sont les points forts de nos adversaires ou de nos contradicteurs ou des gens supposés proches mais lointains et créer une stimulation pour y répondre. Je pense par exemple à un sujet d’actualité la PMA. L’accusation principale d’une femme comme Natacha Polany c’est de dire : les écolos sont contre le libéralisme économique et pour le libéralisme des mœurs. Et qui rajoute avec un brin de perfidie : l’écologie est fondamentalement conservatrice, ne peut être de gauche.
Je pense à Finkelkrault : le principe de responsabilité n’est porté par personne.
Ou à Stiegler dans sa pharmacologie du Front National, ou il s’attaque à la diabolisation.
Ou à Badiou qui fustige "notre" propension à désigner « un autre » comme responsable ce qui renforce le repli identitaire (qui est pour nous une question centrale).
Je pense à des amis qui ont réfléchis sur des sujets comme la propriété intellectuelle, une autre Europe, une autre république, d’autres relations au travail et qui ne sont pas dans les circuits traditionnels et ne viendront pas dialoguer si nous n’allons pas les chercher.
Je pense à ces responsables locaux qui connaissent bien le terrain.
Car, telle sera ma conclusion, si nous continuons à envoyer des myriades d’informations, si nous ne créons pas les conditions d’un véritable dialogue, personne ne le fera à notre place et nous resterons des marginaux plus ou moins sympathiques qui alimentons un système peu ou prou de caste.