Projet BRAIN lancé le mardi 2 avril par Barack Obama

Publié le 04 avril 2013 par Loreline123

Après l'Union européenne, les États-Unis lancent à leur tour un vaste programme de recherche pour améliorer la compréhension du cerveau humain.

Barack Obama évoquait mi-février sa volonté de lancer un grand programme de recherche consacré au cerveau dans les meilleurs délais. Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour que cette annonce se concrétise: le président américain a profité de la présentation de son budget 2014 mardi pour lancer le nouveau programme de recherche BRAIN (pour Brain Research through Advancing Innovative Neurotechnologies. Brain signifie également cerveau en anglais).

Cent millions de dollars devraient être débloqués dès l'année prochaine pour amorcer le projet qui vise à mieux comprendre le fonctionnement du cerveau humain. De quoi relancer la compétition scientifique entre les Etats-Unis et l'Europe, qui avait annoncé en janvier dernier le financement d'un projet similaire.

Assurer la croissance économique et la compétitivité du pays, voilà les arguments de Barak Obama pour justifier le plan de financement du projet BRAIN, qui pourrait atteindre les trois milliards de dollars sur dix ans. Si tous les détails du programme ne sont pas encore arrêtés, il a été annoncé que BRAIN devrait associer institutions de recherche publiques et partenaires privés. La fondation créée par Paul Allen, un des pères de Microsoft, a annoncé son intention de participer à hauteur de 60 millions de dollars par an.

HBP, le concurrent européen

L'objectif de BRAIN n'est pas sans rappeler celui du projet européen Human Brain Project, pour lequel l'Union européenne a annoncé le 28 janvier un financement d'un milliard d'euros sur 10 ans. Ce projet très ambitieux, piloté par Henry Markram à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse), devrait impliquer plus de 80 laboratoires dans 16 pays européens. Le HBP vise à modéliser le fonctionnement du cerveau, le but étant à terme de disposer de meilleures connaissances pour lutter plus efficacement contre les maladies cérébrales, Alzheimer et Parkinson en tête.

Pour Jean-Pierre Changeux, professeur au Collège de France et membre du comité d'éthique du HBP, «le financement attribué par l'Europe est un marqueur fort de la volonté des politiques de donner enfin une visibilité aux sciences du cerveau». Le chercheur souligne qu'un tel projet permettra de consolider la recherche européenne en neurosciences. «Nous avons ici des laboratoires d'excellence, mais contrairement aux Etats-Unis, la recherche européenne n'a pas assez confiance en ses ressources», ajoute-t-il.

Quid de l'analyse des données?

Bien décidés à ne pas laisser les neuroscientifiques européens prendre trop d'avance, les Etats-Unis ont réagi avec une rapidité qui laisse rêveur Richard Walker, porte parole du HBP: «Cette réactivité est un miracle que malheureusement l'Europe ne connaît pas!». Alors que le lancement du programme BRAIN pourrait être perçu par les Européens comme l'annonce d'une longue guerre de la connaissance sur le cerveau, Richard Walker déclare au Figaro, qu'au contraire, c'est une très bonne nouvelle pour les neurosciences. «Le projet annoncé par les Etats-Unis ne doit pas être vu comme un concurrent du HBP, explique-t-il. Bien que nous ayons un objectif commun, comprendre le fonctionnement du cerveau humain, nos approches sont très différentes, et complémentaires.»

Alors que le HBP prévoit de compiler des données pour créer un modèle informatique de l'encéphale, BRAIN est centré sur le développement de techniques permettant d'acquérir de nouvelles données expérimentales. «L'objectif du projet américain, qui paraît plus réaliste que celui du HBP, est de mesurer de manière simultanée l'activité d'un grand nombre de neurones», précise Rava Azeredo da Silveira, chercheur en neurosciences computationnelles à l'Ecole normale supérieure de Paris. «Il a déjà été annoncé que toutes les données produites par le projet américain seront dans le domaine public, se réjouit Richard Walker. C'est une grosse quantité de résultats qui pourra donc être intégrée dans les modélisations du HBP.»

La quantité de données générées est justement au cœur du questionnement de certains scientifiques des deux côtés de l'Atlantique. «Une critique que l'on peut adresser à ces projets est de se focaliser uniquement sur les défis techniques, liés notamment à l'acquisition des données. Or le vrai défi c'est de savoir comment analyser ces données! Et, pour l'instant, très peu de questions pertinentes ont été posées à ce sujet», explique Rava Azeredo da Silveira. Le chercheur rappelle ainsi l'exemple d'un autre projet de grande envergure (Human Connectome Project) qui a récemment fourni de nombreuses données sur les connections cérébrales, mais sans qu'une analyse fonctionnelle n'ait pu, pour l'instant, en émerger.

Pour aller plus loin: Article source ici + l'équivalent européen ici, article là + Alzheimer: les signes précurseurs + Maladie de Parkinson: quels sont les traitements?

Le cerveau fait l'objet d'une course à la connaissance

L'étude du cerveau doit être un enjeu national

Alzheimer: 6 millions de malades en Europe

Stimulation cérébrale profonde contre le Parkinson