PayPal est sur tous les fronts ! Présence dans 190 pays. Croissance fulgurante des paiements sur mobile. Émergence dans le commerce de proximité. Progression record dans l'e-commerce. Et maintenant : le crédit. La journée des analystes organisée par eBay il y a quelques jours permet de faire le point sur la nouvelle stratégie de sa filiale.
L'introduction d'options de crédit à la consommation n'est pas toute récente pour PayPal. Elle représente d'ailleurs une extension naturelle de son modèle, en capitalisant sur la masse de données dont elle dispose, combinée à l'expertise issue de son ADN de startup technologique, qui lui permet de maîtriser les risques comme (presque) aucune autre institution financière n'est capable de le faire aujourd'hui.
Il est facile de se convaincre de cette réalité lorsque Gary Marino présente quelques chiffres relatifs à cette activité : la marge sur les transactions basées sur une offre de crédit est supérieure de 73% par rapport aux paiements classiques. Pourtant, ce résultat impressionnant n'est même pas le bénéfice le plus important pour PayPal, qui préfère mettre l'accent sur la réduction des frictions dans le commerce électronique, induisant une amélioration significative des taux de conversion et un meilleur engagement des clients (les utilisateurs de crédit dépensent presque 40% de plus que les autres consommateurs).
Tous ces facteurs aboutissent logiquement à un développement extrêmement profitable pour la filiale d'eBay, tout en apportant aux commerçants un surcroît de valeur mesurable. Conséquence logique, le crédit va devenir une composante de plus en plus essentielle du porte-monnaie virtuel de PayPal, sous la forme d'une option supplémentaire – transparente – d'approvisionnement du compte (ou bien sur le principe de la fonction de "paiement flottant" évoquée en début d'année, pour prendre un autre exemple).
Mais le crédit ne concerne pas que les consommateurs et PayPal veut aussi exploiter ses compétences à d'autres fins. Ainsi, une discrète expérimentation dans le domaine du financement des PME est-elle en passe d'être étendue du Royaume-Uni aux États-Unis. Son principe rappellera l'approche développée depuis quelques années par Kabbage : en analysant les données collectées sur un commerçant (en l'occurrence à la fois celles de son compte PayPal et les ventes de sa boutique sur eBay), il est possible d'établir un score de risque particulièrement fiable, qui facilite l'attribution d'un crédit aux meilleures conditions.
Cette nouvelle option répond à une forte demande de la part de marchands en ligne qui n'ont pas (ou plus) accès à des financements traditionnels, notamment en raison de la frilosité exacerbée des banques depuis la crise de 2008. Mais ces dernières sont en train d'y perdre une clientèle qu'il leur sera très difficile de reconquérir ultérieurement et ce sont autant de futures opportunités qu'elles laissent échapper. Si elles le souhaitaient, elles auraient pourtant "facilement" les moyens de répondre à cette offensive, les technologies employées étant tout à fait à leur portée.
Avec chaque nouvelle initiative, PayPal s'aventure un peu plus dans le domaine réservé des acteurs "historiques" de la finance, en s'appuyant toujours sur ses atouts spécifiques (dont un des moindres n'est pas sa notoriété et la confiance qu'elle inspire auprès de ses utilisateurs). Elle devient ainsi progressivement une concurrente redoutable d'un secteur bancaire qui semble néanmoins toujours mépriser la menace qu'elle représente ou qui, à tout le moins, ignore les opportunités de croissance qu'elle révèle et exploite avec succès...