Une population de cellules souches génératrices de nouveaux neurones capables de réguler l’appétit dans le cerveau, c’est ce que des neuroscientifiques de l’Université d’East Anglia (UEA) ont découvert. Alors que jusqu’à maintenant on pensait que les cellules nerveuses du cerveau associées avec la régulation de l’appétit étaient générées au cours du développement de l’embryon in utero et une fois pour toute, cette découverte, présentée le 3 avril dans le Journal of Neuroscience, pourrait offrir une solution durable aux troubles de l’alimentation tels que l’obésité.
Les auteurs rappellent le fardeau mondial de l’obésité, avec plus de 1,4 milliard d’adultes dans le monde en surpoids et plus de la moitié obèses, ainsi que les comorbidités liées comme le diabète de type 2, les maladies cardiaques, l’arthrite et le cancer. 2,8 décès chaque année, sont liés à l’excès de poids.
Leur découverte a été faite, à ce stade chez des rongeurs, jeunes et adultes dont les scientifiques de l’UEA ont étudié l’hypothalamus, la région du cerveau qui régule le cycle circadien, les dépenses d’énergie, l’appétit, la soif, la libération d’hormones et d’autres fonctions biologiques critiques. Ils ont étudié spécifiquement les cellules nerveuses qui régulent l’appétit en utilisant une technique permettant de suivre le développement des cellules souches et des cellules dérivées, aux différents stades de vie de l’animal.
Les tanycytes, générateurs de neurones régulateurs de l’appétit : Les scientifiques montrent qu’une population de cellules appelées « tanycytes » se comportent comme des cellules souches et sont capables de donner naissance à de nouveaux neurones du circuit de régulation de l’appétit, bien après la naissance et jusqu’à l’âge adulte. Le Dr Mohammad K. Hajihosseini, auteur principal de l’étude explique que sa découverte pourrait offrir une solution permanente pour lutter contre l’obésité, contrairement aux régimes amaigrissants. Pourquoi ? Parce que la perte ou le mauvais fonctionnement des neurones de l’hypothalamus est la première cause de troubles de l’alimentation tels que l’obésité.
Manipuler le circuit neuronal de régulation de l’appétit : Jusqu’à présent, on pensait que toutes ces cellules nerveuses spécialisées étaient générées au cours de la période embryonnaire et donc que le circuit qui contrôle l’appétit était « fixé » à la naissance. L’étude montre que le circuit neuronal qui contrôle l’appétit pourrait être manipulé « numériquement » pour lutter contre ses dysfonctionnements et donc contre les troubles alimentaires. Pour y parvenir, il faudra définir le groupe de gènes et les processus cellulaires qui régulent le comportement et l’activité de tanycytes, expliquent les auteurs. Ces informations devraient permettre de développer des médicaments qui peuvent moduler le nombre des neurones spécialisés.
Cette découverte doit encore être adaptée à l’homme et les chercheurs suggèrent qu’ils pourraient y parvenir d’ici 5 ou 10 ans. L’idée serait de développer une intervention permanente dans la petite enfance pour les personnes prédisposées à l’obésité, ou plus tard dans la vie.
Source:Journal of Neuroscience 3 April 2013 doi: 10.1523/JNEUROSCI.2437-12.2013‘Fgf10-expressing tanycytes add new neurons to the appetite/energy-balance regulating centres of the postnatal and adult hypothalamus’
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Troubles du comportement alimentaire
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