Liée à l’analité psychique du maniement de l’argent, cette "contagiosité des objets prohibés" contraint en outre à la mise en place d’attitudes ritualisées et autres "commandements cérémoniaux": une déclaration solennelle du chef de l’État, voire, bientôt peut-être, une "interdiction de prononcer le nom", une injonction "généralement observée avec beaucoup de rigueur". Conséquences de cette ambivalence où la condamnation se nourrit "d’une jalousie mêlée d’envie": des surenchères d’annonces et de propositions sur la moralisation de la vie politique, un lancement de pétitions sur la Toile, des appels publics au remaniement gouvernemental et à la dissolution de la Chambre des députés. Autant de "projections d’objets internes" hostiles et malfaisants vers le monde extérieur, visant à détacher ces derniers de la personne même qui les éprouve pour être attribués à une autre. Revenons un bref instant au "réel": afin d’éviter ce triste et chaotique "roman national", il aurait suffi d’inclure explicitement les "membres du Gouvernement" dans la Loi organique promulguée le 23 juillet 2010 et publiée au Journal officiel un jour après. Issu de la réforme du 23 juillet 2008 voulue par Nicolas Sarkozy, l’article 13 de la nouvelle Constitution de la Ve République prévoit que le pouvoir de nomination du président de la République sur certains emplois ou fonctions fera préalablement l’objet d’un avis public des commissions compétentes des deux assemblées. La mesure inspirée à l’origine par les redoutables hearings du Sénat américain avant toute confirmation d’une fonction officielle dans l’Administration aux États-Unis – Hillary Clinton s’en aperçut avant de devenir Secrétaire d’État de Barack Obama – aurait permis d’instaurer, si telle avait été la volonté – mêlée d’un peu de courage – de ceux et de celles qui l’ont adoptée, un contrôle en amont sur ceux qui nomment. Et pas uniquement sur ceux qui sont nommés.
Conclusion tirée de "Totem et Tabou": "la tentation d’en faire autant" doit être réprimée en "punissant l’audace de celui dont on envie la satisfaction". Et ce, afin de conjurer le "danger social". "Il arrive souvent, explique pourtant Freud, que le châtiment fournisse à ceux qui l’exécutent, l’occasion de commettre à leur tour, sous le couvert de l’expiation, le même acte impur". De l’extrême gauche à l’extrême droite, les responsables politiques français manifestent tous dan...