"En voyage on ne vise qu'à travers une étoile
Qu'à travers un visage qu'elle boit qu'elle inonde
L'un de nous s'en allait pour écouter un coquillage
Un autre ne vivait que pour surprndre les cantatrices
D'aucuns se dissipaient remuant le feuillage
De leur famille à grand renforts de pensées nobles
De sérieux d'abnégation de cran et de sollicitude
Mes compagnons rajeunissaientr se déliaient au fil des heures
Ils comptaient sur l'été pour retrouver le calme
Et le secret perdu de la fabrication
Minutieuse et patiente des cruches où s'essayent
Les très jeunes rafales
L'automne saignera la fumée de ses cuirs
Lisait-on dans les gares
Nous aurons des hivers comme des roses en feu
Hors cela n'escomptez rien de plus du printemps
Que la multiplication des souricières
Le renouvellement des pores de l'angoisse
La vérité ma pousse à dire qu'à la suite
De ces voyages nos ongles étaient noirs
Nos phrases lapidaires. Nos regards d'escrimeurs
Epouvantaient la douane les maires et pêcheurs
Tel habitait des chambres sans eau et sans tapis
Ne tardant pas à être trop osseux sans vareuse
Face à des animaux croisés et se coulant
Dénaturés portant les marques confondantes
D'herbes indélébiles, sans doute vénéneuses
D'où venez-vous ai-je perçu dans la voix brune de l'hôtelier
Des Barbades, des Antilles ou des Iles-sous-le-Vent?
Vous le saurez, lui répondis-je:
Vous verrez sur mon visage un peu d'amour quand il a plu
Et de fatigue au matin.
Les eaux tombèrent dormirent et passèrent
Entre moi et ce long voyage
J'ai fait le saut de l'ange d'un Everest de luminaires
Dans les Sargasses.
A l'isthme j'ai pris sa force; aux harpes, ma repiration;
Aux feuilles, la soudaineté à apparaître."
En Voyage... (fragment) de Marc Pietri-