2nde4 : fin du cours sur les mondes arctiques.

Par Misterr
  1. I. Etude de cas : Le Nunavut 

  II.  Des espaces contraignants et singuliers.

A.   Définition : qu’est-ce que l’Arctique ?

Le nom Arctique vient du grec ancien ἄρκτος (árktos) qui signifie ours en référence à l'ours polaire, dont la présence dans cette région était déjà connue des géographes de la Grèce antique.

Sur le plan géographique, l'Arctique s’étend donc sur 21 à 24 millions de km2 dont 17 d’océan ; il comprend : 

- l’océan glacial Arctique (le plus petit océan du globe) dont une partie est gelée en permanence : 13 millions de km2

-   le nord des terres qui l’entourent dont la limite est le cercle polaire  (66°33’ latitude Nord)

Les Etats bordant l’Ocean Arctique sont la Russie, la Norvège, le Danemark, le Canada et les EU.

La limite peut être discutée : limite des arbres ou celle du pergélisol (sol gelé en permanence sur de grandes profondeurs)? Le plus couramment admis est la ligne de Köppen (température inférieure à 10°C durant le mois le plus chaud, juillet), en gros celle du passage de la taïga (grande forêt boréale composée principalement de conifères), à la toundra.

Toutefois, ces limites sont fluctuantes > soumises aux conditions climatiques qui évoluent, dans un contexte de réchauffement climatique : la ligne de Köppen peut se déplacer vers le nord, comme la limite du pergélisol, ce qui réduirait donc la superficie des mondes arctiques.

Les limites seront donc, à terme, à redéfinir.

 

 B.   Des milieux naturels aux contraintes singulières

La faiblesse de l’ensoleillement durant de longs hivers et le caractère très oblique des rayons solaires expliquent en partie le froid, parfois extrême, dans les hautes latitudes ;

Le raccourcissement des jours et des nuits, en saisons hivernale et estivale nuit polaire ou de soleil de minuit,

Les phénomènes climatiques extrêmes (vents catabatiques, sastrugis, températures extrêmes, nuages nacrés stratosphériques, etc.).

Ce n’est pas un espace homogène tant biogéographique que climatique.

Des oasis de biodiversité : le long littoraux se rencontrent oiseaux migrateurs, caribous, bœuf musqué, loups, ours, mammifères marins.  

Les glaces polaires terrestres (calottes glaciaires, plates-formes et icebergs) ou marines (banquise) forment 2 milieux naturels variés où faune et flore sont largement tributaires d'un premier maillon, marqué par une activité planctonique intense. Ce dernier est indispensable au reste de la chaîne alimentaire (herbivores et prédateurs carnivores de différents ordres) que nous découvrirons également.

La toundra et la taïga forment les deux autres milieux.

Un nouveau Nord dynamique et attractif se dessine.

 III.   Les mondes arctiques sont devenus des terres d’enjeux

La question de la place de l’homme dans un environnement vulnérable dont l’équilibre est modifié.

Cette réflexion est au cœur même de la géographie. On peut ici insister sur le fait que les dynamiques son nouvelles :  

- un espace qui connaît une évolution du fait du réchauffement climatique

- d’autre part les Etats souverains convoitent leur potentiel (surtout énergétique et minier)

 

 A.   Y a-t-il un nouvel Eldorado dans les mondes arctiques ?

Des ressources énergétiques importantes bien qu’imprécises

25% des réserves en hydrocarbures de la planète, des minerais et pierres précieuses (diamants, or) rendues plus accessibles et moins couteuses à exploiter par la fonte de la banquise. Cela permettrait de « contourner » l’OPEP.

Il reste un territoire en réserve : = 3 années de production mond de pétrole et 20 ans de gaz

Une route maritime majeure : la fonte plus importante de la banquise libère plus longtemps les passages du Nord-Est (le trajet Tokyo-Amsterdam est presque diminué de moitié par rapport au passage par Panama : 13 500 km au lieu de 23 000) et du Nord-Ouest surtout (15 500 km). Les Canadiens, qui estiment que le passage du Nord-Ouest se fait dans leurs eaux territoriales ont même construit un port en eau profonde à Nanisivik

 Des ressources halieutiques


 B.  Les enjeux environnementaux et humains

   - climatiques : un témoin, une victime et un acteur du réchauffement climatique (+ 0.7 degré en un siècle). Depuis 25 ans, il y a une rétractation de 30% de la banquise.

Un lieu important pour les scientifiques pour étudier les climats passé par exemple (la glace est la mémoire).

Les pôles ne jouent plus, avec la rétractation de la banquise, le rôle de régulateur à l’échelle mondiale.

Cela a donc des répercutions sur le reste de la planète (la fonte des glaciers et l’élévation du niveau de la mer).

-   Biodiversité : si la banquise diminue, voire disparaît en fin d’été, cela modifie non seulement les paysages mais aussi toute la faune, les éléments végétaux… qui font le biotope. La limite de l’arbre peut remonter vers le nord, mais surtout les animaux vont perdre des territoires si la banquise fond entièrement : l’ours. Avec la disparition de la banquise, c’est un écosystème lié à elle qui disparaît sous la mer.

-   populations autochtones : présentes depuis des millénaires avec des modes de vie en lien avec leur environnement.

Elles sont surtout très diverses (Inuits, Nenets, Samis : milieu de vie (les côtes, la toundra), activité principale (éleveur, trappeur…), langue (indo-européenne, altaïque, ouralo-sibérien…).

Menacées par le réchauffement climatique et la modification de leur environnement, mais aussi par la présence plus massive des peuples allogènes qui les ont déjà en grande partie acculturés (sédentarisation, christianisation…).

Toutefois, e reconnaissance de leur identité (création en 1977 par exemple de l’Inuit Circumpolar Conférence). Au Canada, ils ont en 1999 obtenu la gestion d’un territoire dans le nord du pays, le Nunavut qu’ils gèrent. Toutefois, leurs modes de vie se sont modifiées et cela risque de s’accentuer avec l’exploitation des ressources minières ;

-   espaces protégés : il y a des réserves naturelles (Artic National Wildlife refuge). C’est surtout au Canada, à partir de 1976 et en Scandinavie auj mais il y a en fait une fragmentation qui fait juxtaposer des espaces protégés et des espaces exploités pour les mines…

C.   Des enjeux géostratégiques et politiques.

Le contrôle par des Etats : les Etats riverains souhaitent étendre leur contrôle au-delà des 200 milles nautiques et intégrer à leur territoires une partie des eaux actuellement internationales.

Ils font des études géologiques (Russie notamment) pour montrer que les reliefs sous-marins sont la continuité de leur territoire (dorsale de Lomonossov). L’intérêt est certes économique mais aussi stratégique à terme.

De même, le Canada par exemple veut contrôler l’intégralité de la route du Nord-Ouest alors que les Etats-Unis et l’Europe considère que le passage est situé dans les eaux internationales et que tout le monde peut l’emprunter.

Les enjeux politiques nécessitent une entente entre riverains : -

 - la création en 1996 du conseil de l’Arctique pour la coopération, coordination et interaction de tous les Etats, avec participation des populations autochtones;

- actuellement, l’Arctique est géré par le droit de la mer de 1982 (Convention de Montego Bay). Il est question d’autoriser l’extension des ZEE des Etats, ce qui ferait disparaître les eaux internationales et vont donc encore plus fragiliser des zones déjà très vulnérables.

arbitrage international : le rôle de l’ONU

L’intégration des mondes arctiques est inévitable mais elle réclame un nouveau modèle de développement et une réelle prise de conscience des conséquences environnementales et ethnologiques de l’occupation humaine sur la Terre. Une question nous entraîne dans des directions très différentes : A qui appartient l’Arctique ?

Régis Renouleaud.2012.