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A la Tour Vagabonde, Roméo et Juliette déçoivent...

Publié le 07 avril 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

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Donné par la Compagnie des Mille Chandelles au sein de cette structure véritablement magique qu'est la Tour Vagabonde, ravissant petit théâtre élisabethain itinérant installé jusqu'en juin dans le Marais, le plus célèbre drame shakespearien séduit par sa forme mais pêche sévèrement du côté de l'interprétation, souvent approximative et maladroite, que la durée conséquente de la représentation (près de 3h30 avec entracte) n'aide en rien à pardonner. Vraiment dommage.

Epargnons-nous ici le rappel d'une intrigue connue de tous et penchons-nous sur le travail conduit par le chef de troupe  Baptiste Belleudy qui tient le rôle de Roméo. Celui-ci a conçu un spectacle enlevé, impétueux, plein de jeunesse, généreux, parfaitement réglé, exploitant intelligemment un espace à plusieurs niveaux. Les artistes surgissent de toutes parts, dévalent les escaliers, volent au dessus des spectateurs, chantent, dansent... Le théâtre étant un décor en lui-même, la scénographie mise en place se voit justement réduite au strict minimum. Les costumes sont soignés, sans ostentation. Tout cela nous sied et nous ravit.

Hélas, nous l'évoquions en introduction, la direction d'acteur ne suit pas. Pour la plupart, les comédiens n'habitent pas leur personnage, débitent leur prose sans l'avoir pensée. Les tics, trucs, ou gestes parasites se multiplient, compensant un jeu en surface manquant cruellement de sincérité. La nuance n'existe pas, ou peu. On souffre forcément en hurlant, on s'aime avec un lyrisme presque risible. Parlons des deux héros. Baptiste Belleudy plaque sur le visage de son Roméo un extatisme crispant. Anne-Solenne Hatte campe une Juliette sans innocence, bien trop femme, bien trop sophistiquée, ne respire par ailleurs pas son texte... En vain, chez l'un et autres, on cherche une candeur, une passion, une profondeur que l'on trouve jamais. De la même manière, leurs quinze partenaires  peinent à convaincre.

Ultime remarque, de l'ordre du détail mais tout de même... Il eut été judicieux de réfléchir à deux fois avant de monter le chapiteau de bois (recouvert d'une toile à l'isolation phonique relative) à proximité des quais de Seine où la circulation est dense.

"C'était VROUUUM le rossignol TUUT TUUUT ! et non pas l'alouette POUET POUET ! dont la voix perçait PIN POOON ! ton oreille CHCLAAAC ! craintive".

Pas facile dans ces conditions  de suivre la tragique histoire des amants de Vérone...

Pour l'endroit, pour l'esthétique et la dynamique de troupe qui se dégagent de cette proposition, vous pourrez cependant vous rendre à la Cité Internationale des Arts.

Eventuellement.


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