Je vais enfiler ma veste, chercher mon badge, ne pas le trouver, oublier mes pièces pour boire un café au distributeur. Je vais descendre 17 marches. Mon trajet va durer 3 minutes et 47 secondes (environ), c’est un temps moyen, j’ai eu le temps de chronométrer. La voiture de la dame-de-la-maison-d’à-côté va bloquer la rue quelques secondes car elle rentre du travail et c’est pas facile dans cette petite rue de rentrer dans le garage. Je vais balancer un geste de courtoisie à un client que je connais et qui habite juste la maison d’en face. Je vais trouver cet énorme chat blanc, il est immense, énorme, il faut que je pense à le prendre en photo. Me demander si le feu passera au rouge au moment où je vais attaquer la traversée. En général je ne gagne jamais. Passer le petit pont de bois et constater que les gens sont des gros dégueulasses en voyant les cannettes à la surface de l’eau. J’aurais le temps d’observer le ballet des caddies. Puis, lentement, m’enfermer dans la lumière artificielle et le carrelage glacé.
Nos habitudes finiront par nous ronger. Elles font parties de nos vies. Les chemins se ressemblent. Tous les jours. Nos yeux ne découvrent que les choses de la veille, c’est une spirale. La différence reste le regard que je vais y porter. J’ai envie de mettre un grand coup de pied dans ce chemin bien tracé que je viens de décrire. Je suis en chemin…