L’agriculture intensive qui intoxique, pollue, surproduit, appauvrit les sols et tue la biodiversité comme les agriculteurs n’est pas une fatalité. Il existe des alternatives que les grandes firmes chimiques essayent de dissimuler et faire disparaître avec la complaisance déconcertante des politiques. Cette alternative est tout simplement le retour à l’Agriculture.
Le qualificatif de « biologique » attribué en effet à cette agriculture défendue ici, n’est qu’un pléonasme destiné à déformer la réalité: il n’existe pas une agriculture « intensive » et une agriculture « bio » mais bel et bien « l’agriculture » et une l’agriculture « chimique »
Bernard Ronot, céréalier en Côte d’Or, fondateur de l’association Graines de Noé, prône cette agriculture libérée des engrais et des produits chimiques de synthèse (insecticides, herbicides, fongicides), nourricière et saine pour l’environnement et l’Homme.
« Bernard Ronot a fait sa reconversion à l’agriculture biologique à 55 ans, cela l’a amené à s’intéresser aux variétés de blés anciens, oubliés depuis la révolution verte (chimique) des années 50. Il nous emmène sur les terres de Stéphanie Parizot, jeune agricultrice qui a installé avec l’association Graine de Noé, une plateforme où sont conservées en terre 135 variétés de blés anciens. Tous deux nous apprennent que ces variétés anciennes n’ont pas besoin de nitrates chimiques qu’elles résistent mieux aux champignons, aux ravageurs et aux aléas climatiques (froid & sécheresse). Ce sont des variétés en pleine santé, contrairement aux variétés de blé modernes même celles cultivées en bio. Ce conservatoire de biodiversité vivant est installé afin que les paysans le visitent et sélectionnent certaines variétés anciennes pour de les installer sur leur terre et les multiplient.
Cette plateforme est à but non lucratif, les semences sont transmises à titre expérimentales ou scientifiques conformément à la loi. Le but est aussi de tester ces variétés anciennes afin de sélectionner et de replanter, d’une année sur l’autre, les épis qui ont des caractéristiques intéressantes. Le reportage nous emmène aussi chez Laure et Reynald Bernard qui ont reconverti leur ferme à la bio et se sont orientés vers la transformation à la ferme : le circuit court. Reynald expérimente et multiplie des blé anciens sur ses terres. Il nous explique que ces variétés ont moitié moins de rendement que le blé cultivé en chimie mais que le produit à l’arrivée est plus sain et a des valeurs nutritives bien plus importantes. Laure sa femme a appris un nouveau métier : boulangère (formation fabrication de pain au levain au CFA de Chaumont).
Aujourd’hui ils transforment en pain une partie des céréales produites sur la ferme. Le succès est au rendez-vous : les ventes ont doublé par rapport à ce qu’ils avaient prévu. La transformation à la ferme leur permet de bénéficier d’une valeur ajoutée bien plus importante qu’en circuit long et le prix de leur blé n’est plus indexé sur les cours mondiaux fluctuants mais sur le prix de vente de leur pain dans leur boulangerie, cela leur apporte une sécurité et une indépendance rassurante. »
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