Les folies de Cyrano de Bergerac à la Coursive (1/5)

Publié le 07 avril 2013 par Sheumas

La folie est-elle au centre de « Cyrano de Bergerac » ? Marginalité ? Schizophrénie ? Paranoïa ? Neurasthénie ? Aux yeux de la plupart des spectateurs, la célèbre pièce de Rostand constitue avant tout un éloge empanaché de l’audace, de la liberté de pensée et de l’indignation... Or, laisser gesticuler et s’enflammer le brillant cadet de Gascogne sur le fond blême d’une clinique, n’est-ce pas risquer de décolorer le nez du trublion et d’introduire, sous le « feutre qui le calfeutre », l’ombre de la sénilité ? Le parti-pris de Dominique Pitoiset ne manque cependant pas de charme et fait un peu basculer les personnages du flamboyant Rostand dans un milieu aux allures quasi kafkaïennes.

   La scène se joue sur le carrelage d’un asile psychiatrique, d’un hôpital, c’est selon... Les patients ne sont pas forcément fous mais c’est une humanité désoeuvrée, consternée, soupe au lait, qui vaque lamentablement entre un juke-box, une table en formica, un lit à barreaux, un charriot à linge et autres piteux ustensiles (où est donc l’urinoir ?) Parfois un cri, un fou-rire, un jacassement... De Guiche libidineux et mécanique, pince la taille d’une grande fille en chemise de nuit qui s’échappe et monte sur le lit et montre ses cuisses...