New B : doux rêveurs ou disrupteurs ?

Publié le 07 avril 2013 par Patriceb @cestpasmonidee
La crise financière récente a suscité de forts mouvements de rejet vis-à-vis des banques, de la part des consommateurs de tous pays. Ces réactions ont favorisé – sinon déclenché – l'apparition d'une nouvelle génération d'établissements, tels que Moven et Simple aux États-Unis ou Holvi en Europe. La Belgique pourrait bientôt avoir le sien : New B.
A la différence des autres cas cités, cependant, cette banque veut se construire en toute indépendance (sans s'appuyer sur les "infrastructures" d'une institution existante), sur un modèle coopératif. Autant dire que la tâche s'annonce ardue et que la route sera longue !
Dans un premier temps, l'objectif des fondateurs est de rassembler une communauté de personnes intéressées par le projet. Les amateurs sont donc invités, depuis quelques jours, à souscrire une part de la coopérative New B (valorisée à 20€) pour marquer leur engagement et participer à la conception, puis la construction, de la future banque. A ce jour, plus de 33 000 citoyens belges ont répondu à l'appel, bien au-delà de la cible de 10 000 qui avait été envisagée initialement.
Une particularité notable de cette initiative est d'être également soutenue par des organisations (une soixantaine actuellement), comprenant des entreprises de la finance alternative, des syndicats, des associations à vocation sociale (Médecins du Monde) ou environnementale (Greenpeace)...

La banque coopérative est apparemment un modèle inconnu à ce jour en Belgique mais New B s'inspire de modèles équivalents à travers le monde (sont cités, par exemple, Umpqua Bank et le Crédit Coopératif). Outre la voix données aux clients-coopérateurs dans le fonctionnement de l'établissement, le projet veut résolument porter des valeurs éthiques : simplicité, transparence, honnêteté, proximité... La vocation de la banque est d'offrir les produits que veulent ses clients, de contribuer à l'économie réelle...
New B réussit de toute évidence à conquérir le grand public (ses 33 000 contributeurs en une quinzaine de jours représentent déjà un beau succès), démontrant sans ambiguïté l'existence d'une attente pour une "autre banque". Il reste malgré tout à voir si le rêve peut devenir réalité. Les fondateurs (qui n'ont pas d'expérience bancaire, bien qu'ils affirment être conseillés par des experts) semblent naviguer à vue et il est difficile de déterminer s'ils évaluent correctement l'ampleur du chantier qui les attend (et la question se pose aussi pour les "investisseurs").
Quoi qu'il en soit, cette nouvelle initiative s'inscrit dans un mouvement global, en pleine expansion, d'émergence de banques qui veulent provoquer une rupture avec les traditions séculaires du secteur. Naturellement, les progrès technologiques favorisent cette tendance, en rendant plus facile la création d'un établissement mais, contrairement à la vague des "banques internet" des années 1990-2000, ces startups marquent maintenant leur différence sur le terrain des valeurs. Et, logiquement, les acteurs historiques risquent d'avoir cette fois beaucoup de difficultés à se défendre face à une telle concurrence.