On fait et on défait des présidents, comme on change de chemises ! C’est au tour de François HOLLANDE.

Publié le 06 avril 2013 par Donquichotte

Pourquoi en est-il ainsi? oui, POURQUOI ?

Parce que, me semble-t-il, « les gens ont peur » et que le président, tous les présidents, en période de crise, n’y peuvent rien.

Et oui, c’est ahurissant de voir comme Hollande déboule dans les sondages. Pourquoi ? Je ne sais pas ; mais je sais une chose, il déboule, les sondages le montrent.

Qui est-il vraiment?

On peut penser que les Media en rajoutent une couche tous les jours, une couche de « noirceur, d’opacité, de tromperie quasi intentionnelle » sur les véritables actions et pensées – cap et orientations de toutes sortes - du président. On opacise, non, on reconstruit ce qu’il est, dit et fait vraiment, on préfère imaginer, oui, c’est plus simple, ce qu’il est, dit et fait vraiment (on recherche le plus vraisemblable - on se raccorde aux mille arguments qui disent la chose, sur internet et ailleurs, on est inondé d’infos -, c’est plus facile ainsi, et qui correspond à ce que le sociologue Gérald Bronner appelle la massification d’informations pas toutes très rationnelles, et pourtant dûment authentifiées par des arguments pas toujours prouvables/désaprouvables, simplement parce que quelqu’un l’a écrit, ou dit en quelque media, quel qu’il soit). C’est massif, c’est donc vraisemblable. Ainsi, pour mieux sanctifier ces montages imaginés, on fait des sondages « arrangés » (la question donne les réponses possibles), on ne parle jamais du contexte économique (disons plutôt du « système » économique qui est à l’arrêt), on enfle la mauvaise humeur des gens, bref, on fait tout pour qu’ils se sentent encore plus désoeuvrés qu’avant, mais mieux informés, disent-ils, - et plus intelligemment - puisqu’on a mis la science de la statistique en preuve (avec des marges d’erreurs de si peu de %). Et finalement ceux-ci y croient.

Je dis que l’on donne les réponses dans les questions, voyons ce qui concourt à ça. La moyenne des gens en ce moment a « peur » : - peur de ne pas arriver (pouvoir d’achat), - peur pour son emploi (le garder ? le perdre ? le voir diminué ? ou non renouvelé ?), - peur de l’avenir, disons du quotidien-demain tout simplement (la planète fout le camp, non ? Mon gosse peut être enlevé à la porte de son école, non ? La joggeuse dans la nature peut se faire faire mal par un voyou prédateur sexuel, non ?), - peur de peu de choses, du peu des choses qu’elle voit, endure, comprend/comprend pas (une sensation psy si forte !), - bref peur de « ne pas être à la hauteur » de ce qui l’attend, de ce qui lui est demandé... demain. Alors ! À cette moyenne des gens, vous, j’entends les Media, lui demandez si elle a « confiance » en quelque chose. Mais à quoi peut-elle se rattacher si vous lui demandez, par exemple, si le président change pour elle cette « donne de la peur » (la question posée, sobrement, on dit objectivement, étant « le président Hollande répond-il à vos attentes » ?). Question du plus plat que l’on puisse imaginer, et question parfaitement ridicule ; a-t-elle, cette personne jamais demandé quoi que ce soit à Monsieur Hollande ? Et le président Hollande lui a-t-il jamais promis – individuellement - quoi que ce soit, précisément, à cette personne ? En fait, vous lui demandez si elle a peur ; alors elle vous répond qu’elle a peur = donc, Monsieur Hollande ne répond pas à ses attentes. Pourquoi, dans un contexte économique qui « fait peur », vous répondrait-elle autrement ? Dites-le moi. Ensuite, vous enregistrez (statistiquement) cette peur, vous l’inscrivez en première page de votre journal... et cela étant, vous alimentez la peur. Vite alors, vous faites un autre sondage, et vous donnez un nouveau chiffre, celui de la « hausse de la peur » par rapport à votre dernière enquête. Et ça continue... ! C’est simple, non ? La roue tourne. 

J’ai déjà  cru que, lorsque des milliers de personnes répondent – et à plusieurs reprises (donc plusieurs sondages) - qu’ils ont peur, on peut commencer à croire « qu’objectivement » les gens ont peur. Et on en fait une annonce « officielle, crédible, dite objective encore une fois », dans les Media. Mais tout ce raisonnement, c’est de la merde, je veux dire, « est trompeur ». Tout ce que l’on peut dire, dans ce cas, c’est que des milliers de gens croient (émotivement ? subjectivement ? plausiblement/non plausiblement ?) avoir peur. Il n’y a pas d’objectivité là-dedans, mais ce qui devient objectif, par contre- et le processus est cruel – « c’est ce qui s’inscrit, subliminalement », subconsciemment, dans leur tête comme dans leur cœur, comme dans leur âme, comme dans leurs émotions ; bref, ils croient avoir peur... et ils ont peur.

Le Hollande bashing prospère, la peur aidant, c’est simple, on a le bouc émissaire idéal, il est le président récemment élu, on oublie qu’il n’a pas les coudées franches. Mais on oublie... QUOI ? La même chose qu’on oubliait avec Sarkozy, on oublie le carcan économique actuel (déprimant) qui lie les mains de tout président. C’est ce qui confond ces deux présidents : l’un a, l’autre avait, les mains attachées. Rien à y faire. Est-ce possible?

Qu’entend-je autour de moi ?

Trop d’Arabes en ville, disent les uns, comme mon livreur de fuel. Chaque fois qu’il arrive, il me demande comment on pourrait se débarrasser d’eux. « Tu dois bien savoir, toi, comment on peut s’en débarrasser, tu es Québécois, tu n’as  pas d’Arabes chez toi ». Je lui réponds que la société française, serait bien mal prise si ces Arabes quittaient la France demain matin. Oui, petit exemple, QUI irait dans les vignes faire le travail qu’aucun Français ne veut faire ? Je les vois bien tout l’hiver élaguer les pieds de vigne. Oui, qui ferait le « sale » travail ? je n’entends pas nécessairement un travail sale, mais ce travail laissé aux laissés pour compte qui veulent survivre et qui acceptent trop souvent de travailler, en bas des minima sociaux-hygiéniques-économiques, dans cette société qui se vante d’être la 5ième puissance économique mondiale, qui se vante (même on ne le dit pas assez) d’avoir le deuxième meilleur taux de productivité du travail en Europe, qui se vante d’être le pays le plus touristiquement visité au monde, qui se vante de sa Révolution, qui se vante de sa culture, qui se vante... sans arrêt, et qui n’arrête pas de râler... Il faut le faire.

Trop de taxes disent les entreprises, les citoyens également. C’est vrai il y a beaucoup de taxes... Mais il y a ici des services en quantité et en qualité que même un pays bien riche et bien civilisé comme le Québec n’a pas. Ça se paie un pays qui a mis le social à la bonne place.

Trop peu de travail... c’est vrai, le chômage a augmenté, et continue d’augmenter. L’économie en ce moment – pas de croissance – est dure. Et elle ne pardonne pas, elle sanctionne les plus faibles et les plus marginaux – il y a de l’horreur là-dedans.

Trop de soucis... c’est peu dire. 

Trop peu de perspective – ça, on ne le dit pas assez -, trop de repli sur soi, vers les émotions les plus primaires, trop de « peur », oui, pas assez de perspective, de recul, voire, de compréhension du monde « tel qu’il est ». Pour dire simple, il faudrait que chacun écoute bien – moi, cela me donne de la perspective, oui, un recul dont j’ai besoin parfois tellement on se laisse prendre vite par notre société de consommation galopante - les paroles d’une chanson de mon ami et poète, Jean-René Baïocco, qui, au retour d’un bref séjour en Afrique, chantait...

Si... le chien du voisin a encore pissé sur le pallier,

Si le petit a usé toute l’eau chaude,

Si la machine à laver est tombée en panne,

« va faire un tour en Afrique »...

Si les pies mangent toutes tes amandes,

Si tes rosiers te donnent du travail,

« va faire un tour en Afrique »...

Si ton jerrican de pinard est encore vide,

Si ton métier te donne de la migraine,

« va faire un tour en Afrique »...

Si ton pastis manque de glaçons,

Si tu as rêvé que tu étais déshérité,

« va faire un tour en Afrique. Va ; Va faire un tour »

Trop de politiciens corrompus... on n’a plus confiance. Avec l’affaire Cahuzac, - des « affaires économiques et politiques semblables pullulent pourtant en Europe et dans le Monde - notre président en prend un coup. Normal ! dirait Kertész, oui, mais une normalité qui n’a pas l’air normal.

Madame Fressoz a écrit : « On ne reprochera jamais à François Hollande de ne pas pouvoir tout régler d'un coup de baguette magique, car personne avant lui n'y est parvenu. On pourra en revanche lui faire grief d'avoir, au début de son quinquennat, péché par excès de confiance et défaut de vigilance, mal composé son gouvernement et insuffisamment pris la mesure de la crise, alors que le fonctionnement des institutions a pour effet de concentrer toute la responsabilité sur la fonction présidentielle.

L'affaire Cahuzac est une mise à l'épreuve de l'autorité présidentielle. Et un avertissement :  l'amateurisme n'est plus de mise ». (Françoise Fressoz)

Je ne dirais pas que le président a erré, il est d’une franchise par contre qui émeut. Mais j’entends aussi, qu’il montre une franchise naïve, ou recherchée, qui peut choquer. Mais cette crise ne peut être le fait d’un seul homme... je vois bien, le disant, que ma capacité à comprendre mieux, à induire certaines hypothèses d’actions, est bien incertaine et fragile.

Cette crise récente sonne-t-elle le glas de certaines manières de gouverner un pays, d’une certaine démocratie (parlementaire), d’une certaine illusion de la moralité et de l’éthique de dirigeants d’un peuple qui se gausse, ou plutôt, qui se croit protégé de telles crises, de tels soubresauts politiques, de telles canailleries, parce qu’il a inscrit au fronton de ses mairies « Liberté, Égalité, Fraternité » ?

Un « leader qui fait rêver », on dit souvent cela lorsque l’on invoque ou supplie que nos hommes-leaders-politiques innovent et montrent un « dessein » pour notre pays.

Pourtant on a eu un Pompidou qui disait dans son texte Poésie et politique, qui date de 1969: « Poètes et politiques doivent avoir la connaissance intuitive et profonde des hommes, de leurs sentiments, de leurs besoins, de leurs aspirations. Mais, tandis que les poètes les traduisent avec plus ou moins de talent, les politiques cherchent à les satisfaire avec plus ou moins de bonheur. » (article de Claude Gisselbrecht, Augny (Moselle) (je ne me rappelle pas bien Pompidou, mais ces mots touchent le vrai). 

Pourtant, je le découvrais dans un article du Monde, il y a, en ce moment, ce « Michael D. Higgins, le turbulent président-poète irlandais » qui semble avoir « le bon mot ». Que dit-il, que rapporte-t-on dans cet autre article du Monde ?

1/ « Il s'émeut de l'impact catastrophique de la crise, du sort des jeunes au chômage, de l'absence de vision à long terme du monde politique... Il critique la dérive consumériste de la société et en appelle ouvertement à un nouveau modèle, loin de l'orthodoxie économique du moment ».

2/ Selon lui, l'Europe sociale a été oubliée par ses dirigeants actuels, diluée dans une technocratie destructrice. « Nous souffrons d'un cauchemar bureaucratique irrationnel. Il y a une absence de courage moral en Europe »

3/ Homme de lettres il fait appel, pêle-mêle, « à Joyce, Sartre, Foucault, Diderot, Kant, Rousseau, Beckett, auteurs qu'il a lus et relus »... et déclare que « nous devons (...) mettre de l'éthique dans notre société, placer l'économie dans un cadre de culture éthique »

4/ « Nos dirigeants sont incapables d'avoir un discours visionnaire. Il y a un grave danger à laisser monter sans rien faire la pauvreté, le chômage et les discours xénophobes... En Amérique latine et dans le monde arabe, de nouvelles idées émergent. Où sont ces mouvements en Europe ?... La population mérite que l'on mène un vrai travail de réflexion sur l'économie et ses valeurs ». (article de Éric Albert)

Je sais bien, un homme ne fait pas un pays, mais un homme comme ce Higgins fait rêver.