[critique] Shakespeare au cinéma #2 : Roméo doit mourir

Publié le 06 avril 2013 par Vance @Great_Wenceslas

 

Ouille.

Ah ben là, on tombe de haut. Passer de l’intense, ambitieux et somptueux (quoique parfois fastidieux) Hamlet à cette chose filmique, c’est faire un grand écart que n’aurais sans doute pas apprécié Shakespeare. Pourtant, le challenge est ainsi fait : le hasard a voulu que ce blu-ray se trouvât sur notre route et se glissât tout naturellement dans le lecteur adéquat, un soir où l’on avait envie d’action.

Certes, le film ne partait pas gagnant, malgré la présence de Jet Li au générique, acteur pour lequel nous avons une admiration telle qu’on lui passe aisément ses choix de carrière (surtout aux Etats-Unis) : sa grâce féline, son aisance dans tous les arts martiaux illuminent la pellicule et le bougre a en réserve quelques capacités de comédien qu’il n’exploite que rarement. Le fait est qu’ici, dans un script indigne pondu par trois scénaristes cherchant à faire du Shakespeare hype, Li n’a que rarement l’occasion de briller, d’autant que la direction d’acteurs est anecdotique ; quant aux scènes d’action, qui auraient pu sauver le film, si elles brillent parfois par une certaine inventivité (Corey Yuen est aux commandes de la seconde équipe), sont cadrées de manière brouillonne et frustrent immanquablement par leur brièveté. L'utilisation trop systématique des câbles permet des mouvements de grande envergure mais nuit à la brutalité des combats.


Cette adaptation très lointaine de l’histoire d’amour par excellence ne parvient jamais à convaincre, notamment dans la romance – bien qu’on soit en droit d’être touché par la candeur imprévue des deux tourtereaux en pleine guerre des gangs (faut voir Jet Li danser !). Aaliyah est mignonne mais son interprétation reste limitée. Les ressorts de l’intrigue sont rouillés, les confrontations tournent au fiasco et l’ensemble se dissimule derrière une façade clinquante et une bande son balourde, comme un gigantesque clip de gangsta rap. Le mixage est carrément à l’image de la boursouflure du film, ouvertement orienté sur des basses caverneuses qui noient la voie centrale et les dialogues (gardez la télécommande à portée de mains !). Aucun humour ne parvient à rehausser l’intérêt de cette entreprise foireuse et nombriliste.

Le Challenge « Shakespeare au cinéma » s’avère paradoxalement d’autant plus passionnant qu’il nous promet ce genre de chocs et ces contrastes.

Ma note (sur 5) :

1


 

Titre original

Romeo must die

Mise en scène 

Andrzej Bartkowiak

Production 

Silver Pictures

Distribué en France par

Warner Bros.

Date de sortie France 

22 mars 2000

Scénario 

Mitchell Kapner, Eric Bernt & John Jarrell

Distribution 

Jet Li, Russel Wong, Isaiah Washington & Aaliyah

Durée 

115 min

Musique

Stanley Clarke

Photographie

Glen McPherson

Support 

Blu-ray Warner region All (2012)

Image 

2.40:1 ; 16/9

Son 

VOst DTS HD-MA 5.1

Synopsis : Le contrôle du port d'Oakland et la revente de ses entrepôts sont au centre d'une guerre que se livrent le clan afro-américain d'Isaak O'Day et la famille Sing. Après plusieurs mois d'affrontements, la tension monte d'un cran avec l'assassinat du jeune Po, fils cadet de Chu Sing. Emprisonné dans un pénitencier de Hong Kong, Han Sing s'évade dès qu'il apprend la mort de son frère, qu'il s'était jure de protéger. A Oakland, son enquête l'oriente vers Trish, la fille de O'Day, dont il tombe amoureux.