L’Espagne a commencé à prélever dans le fonds destiné à garantir les pensions

Publié le 06 avril 2013 par Eldon

Privatiser, ponctionner, brader le bien commun ne suffit plus à rassasier l’appétit gargantuesque de l’austérité. Les mesures du  gouvernement Rajoy, sans surprise, enfoncent l’Espagne.  Rajoy et ses sbires préfèrent la fuite en avant  au renoncement quand bien même ils entraînent dans leur chute tout un peuple.

On n’ose pas encore ponctionner les comptes de dépôts, le ballon d’essai lancé à Chypre a échoué mais ce n’est que partie remise. En attendant on jette à ronger aux  masses crédules des prétendues garanties sur les comptes bancaires. Mais il faut bien trouver autre chose, la bête a faim.

Puisons alors dans les caisses des retraités… Ni vu ni connu, inodore et  indolore du moins dans l’immédiat. D’autant qu’on aura pris soin d’enrober cet acte minable d’artifices légaux et autres subtilités incompréhensibles pour le commun des mortels. C’est bien Rajoy, c’est bien.

Le Fondo de Reserva de la Seguridad Social, le fonds de la Sécurité Sociale espagnole, a saisi l’opportunité des promesses de Mario Draghi, le président de la Banque Centrale Européenne, de faire « ce qu’il faudrait faire pour sauver l’euro », pour augmenter la part d’obligations souveraines espagnoles qu’il détient, rapporte Bloomberg Business Week. Désormais, ce sont 97% de ce fonds de 65 milliards d’euros qui ont été investis en obligations souveraines espagnoles de plus en plus risquées, contre 90% en 2011, et 55% en 2008.

Le fonds, qui a été créé pour garantir les paiements futurs des pensions, a acquis 20 milliards d’euros de dette espagnole l’année dernière, et il s’est débarrassé dans le même temps de 4,6 milliards d’euros d’obligations françaises, allemandes et hollandaises. 70% des achats ont eu lieu après les déclarations de Mario Draghi qui ont fait remonter le cours des obligations espagnoles.

« On dirait qu’à défaut de disposer de sa propre banque centrale pour monétiser sa propre dette, le gouvernement espagnol a tout simplement pillé une autre entité quasi-gouvernementale pour s’assurer du rachat des obligations », écrit le blog financier américain Zero Hedge. En utilisant ces réserves pour acheter des obligations souveraines, l’Espagne viole une loi qui prévoit qu’elles ne devraient être investies que dans des titres d’une « haute qualité de crédit et d’un degré de liquidité significatif », ce qui n’est plus le cas des obligations espagnoles. En effet, l’année dernière, les agences de rating Moody et Standard & Poor’s les ont dégradées, et leur rating n’est plus qu’un cran au dessus de la cote de titre de pacotille, rappelle le Wall Street Journal.

Le fonds est destiné à garantir les paiements futurs des pensions de retraites, et les analystes se demandent s’il en aura encore la capacité à terme, alors que l’Etat a de plus en plus de mal à financer ses dépenses dans un contexte de récession et de politique d’austérité qui ont réduit ses recettes. L’année dernière, le fonds a été bénéficiaire, compte tenu que les contributions ont excédé les paiements sociaux, ce qui a permis de financer 1% du déficit de l’Espagne.

Mais les experts s’inquiètent du fait que le gouvernement espagnol a déjà commencé à opérer des retraits sur les réserves du fonds pour effectuer des paiements d’urgence. En novembre dernier, il a prélevé de l’argent pour la seconde fois de son histoire, retirant 4 milliards d’euros pour payer les pensions. Auparavant, il avait déjà prélevé 3 milliards d’euros en septembre pour couvrir des besoins de trésorerie non précisés. Ces deux retraits dépassaient la limite annuelle légale, ce qui a motivé le gouvernement a augmenter ce seuil.