On continue par ici pour les questions à Oliver Peru !

Par Phooka @Phooka_Book

En route pour le tome 2
Pour relire le premier volet de cette ITV, c'est ICI

Book en Stock & Oliv Peru

Difficile de parler de soi. Habituellement, j'évite... Mais, on ne dit pas non à Book en Stock. Je me tiens bien droit, je respire et je me lance. Non, je respire encore... et cette fois j'y vais.


Je m'appelle Oliv(i)er Peru, j'ai sept ans, la tête dans les nuages, je dessine tout le temps et j'adore les super héros et les bouquins. Je passe mon temps à rêver à d'autres univers mais je n'en parle pas, je sens qu'on pourrait me trouver bizarre.
J'ai dix ans, je lis la revue Strange, je suis fan des X-Men, j'adore les films d'horreur et quand je pense à mon avenir, je rêve de tas de choses qui paraissent étranges aux autres. Quand je dis que je veux être écrivain, dessinateur, travailler dans la BD ou faire des films, personne ne me prend au sérieux. On me sourit gentiment et on me dit que je trouverai un vrai métier avant de faire toutes ces choses-là. Je ne comprends pas trop le principe du « vrai métier » alors je m'en moque un peu.
J'ai douze ans, je m'ennuie au collège, je me raconte des histoires et je dessine beaucoup. Je suis cependant moins naïf, j'arrête de croire qu'un de ces quatre matins, je vais être enlevé par des créatures d'une autre réalité pour mener d'incroyables aventures aux côtés de grands rois et chevaliers. L'improbable mécanique des portes spatio-temporelles commence à m’apparaître et je pressens que je vais passer toute mon existence dans notre monde.
J'ai quatorze ans, je passe en seconde. On veut « m'orienter », mais mes rêves sont toujours là. On me répète pourtant souvent que le « vrai métier » est plus important, et que mes passions ne sont que des hobbies que je pourrai exercer une fois que j'aurai une situation. Beaucoup trop compliqué à comprendre, tout ça. Je reste sourd à tous les conseils qu'on me prodigue. Je pense malgré tout qu'il faut que je donne le change et je réfléchis à une nouvelle carrière pour faire bonne figure : footballeur professionnel (je précise que je veux jouer en Angleterre ou en Espagne) ou alors basketteur en NBA (là, je choisis Chicago). Les gens me regardent avec des yeux encore plus ronds qu'avant. « Ben quoi, c'est des vrais métiers, non ? Et puis ça rapporte carrément plus d'argent que les livres ! »J'ai vingt ans, je m'ennuie à la fac, je n'y vais pas souvent, je dessine et j'écris toujours plus. J'envoie mes œuvres de jeunesse chez quelques éditeurs. Les rares qui me répondent me disent que je dois progresser avant de pouvoir être publié. Je suis déçu, je me trouvais plutôt bon... Je commence à douter. Et si tout ce qu'on m'avait dit depuis vingt ans était vrai ? Et s'il me fallait un « vrai métier » ? Comment je vais m'en sortir... Je suis déjà trop vieux pour la NBA.J'ai vingt-trois ans. Un éditeur accepte de me faire travailler dans une petite revue. Il me propose de dessiner quelques pages de BD aux côtés d'un scénariste. Je suis heureux, c'est le début de ma carrière, enfin.Excusez, je m'arrête là. Faut que je file, une porte spatio-temporelle vient de s'ouvrir... Et si c'était pour moi ?On se raconte la suite sur Book en Stock !

Deliregirl1 :
Bonjour Monsieur Peru,
Je viens juste de finir Martyrs et cela va être une torture d'attendre la suite. Unefois de plus, j'ai adoré votre roman.
D'où vous est venue l'idée de faire des personnages avec des yeux couleurs or ?
Olivier :Bonjour Deliregirl,Et merci pour Martyrs. Je travaille sur la suite et je fais au mieux pour qu'elle arrive viteen librairie.En ce qui concerne les personnages aux yeux d'or, c'est une idée que j'ai en tête depuislongtemps. J'ai toujours été fasciné par le regard des loups. Je trouve qu'il y a dans leuryeux une magie indescriptible. Quelque chose d'impérial, d'implacable, d'hypnotisantque je voulais utiliser pour mes héros. Dans Druide, cet or est la marque du mal etdu mystère, mais dans Martyrs ce même or est la couleur de mes héros, une couleurglorieuse. Comme vous l'aurez sans doute deviné, l'or que certains personnages ontdans les yeux est un lien entre Druide et Martyrs. Mais je ne travaillerai sur cette idéeque dans plusieurs années. Il faudra être patient pour tout savoir ;-)
Lune :
Je vois que tu lis Stephen King (on va pas se vouvoyer si tu lis Stephen King quoi !!), que penses-tu de la Tour Sombre si tu l'as lue ? Et sinon pourquoi tu ne l'as pasencore lue ? (Steven Kang, lol)
Olivier :Par manque de temps, je ne lis hélas plus King mais je te rassure, j'ai dévoré tousles tomes de la Tour Sombre. Je pense avoir lu le 1er il y a plus de 15 ans et l'avoirmoyennement aimé, mais un ami m'a poussé à continuer et grand bien m'en a fait.Les tomes 2, 3 et 4 sont vraiment géniaux (le 4 est probablement l'un des meilleursbouquins que j'ai lu de ma vie, et quelle histoire d'amour !) mais j'ai été ensuite un peumoins enthousiaste sur les tomes suivants. Quant à la fin, elle m'a laissé un petit goûtd'amertume. Je me suis dit « ben, mince... tout ça pour ça ? ».Malgré tout, je garde de la Tour Sombre un excellent souvenir. C'est une série qui m'afait voyager, qui m'a fait vibrer et dont les personnages trottent encore dans ma tête. Lapreuve, mon chat s'appelle Gilead.
Eve-Lise :
Je viens de finir Martyrs (que j'ai adoré, évidemment), j'ai été surprise de la finavec Irmine, déçue par ce qui arrive à Helbrand (un peu trop facile, selon moi) etj'attends la suite avec impatience.
Cela dit, j'ai deux questions pour toi :
1. Quand tu écris une histoire, as-tu des personnages préférés ? Par préférés, jen'entends pas forcément les héros. Je sais que lorsque tu m'as fait une dédicace ausalon du livre, tu m'avais dit que tu avais le personnage de Kassis en tête depuislongtemps. Est-ce que ça en fait un de tes personnages préférés ?
2. As-tu des "thématiques" de la littérature de l'imaginaire que tu n'aimes pas ouavec lesquels tu n'es pas à l'aise ? Par exemple, je n'ai jamais été à l'aise avec lesfantômes ou bien aussi avec ce qui se passe à la toute fin de Martyrs (je vais éviterles spoilers), mais je suis très à l'aise avec les zombies, les monstres en tout genre,etc.
Merci d'avance à toi et à Book en stock !
Olivier :Wow... sacrés morceaux, les questions :-)À propos des personnages préférés, je suis tenté de dire que je les aime tous de la mêmefaçon. C'est comme avec les enfants. Même si certains me collent à la peau ou sont dansma tête depuis des années, ce qui était le cas de Kassis (une des héroïnes de Martyrs).Elle m'est apparue il y a plus de dix ans. J'ai donc une immense affection pour elle. Çapeut paraître étrange de parler ainsi d'un personnage de fiction (non, je ne suis pasencore bon pour l'asile) mais imaginez que je connais son nom, son visage, son histoiredepuis si longtemps que quand je me suis mis à l'écrire, je n'ai quasiment pas eu besoin deréfléchir. Donc oui, elle est un mes persos préférés.Quant aux thématiques propres à l'imaginaire. Je ne me suis jamais vraiment posé laquestion de savoir lesquelles pouvaient me déplaire. Et que ce soit en bd ou en roman,je m'amuse à travailler sur un peu tous les monstres qui me passent entre les mains(vampires, zombies, fantômes, dieux...).
 le prochain ? :))

Alors en réfléchissant, je dirais que c'est plutôt l'utilisation trop classique des diversesthématiques de l'imaginaire qui peut me poser un problème. Une énième histoired'elfe, de loup-garou ou de voyage spatial, je n'ai rien contre, du moment qu'on y metde nouvelles petites idées ou qu'on trouve des approches différentes pour raconter.Attention, je ne parle pas de révolutionner le genre, juste d'emmener un peu plus loindes thèmes déjà travaillés par bien des auteurs talentueux.
Lauryn :
Bonjour Oliver,
Je voulais poser la question du i voyageur, mais je vois que c'est déjà fait, jepasse donc à ma seconde interrogation : ton expérience en bd te donne-t-elle unavantage pour imaginer personnages et paysages ?Et une autre, pour la route : dessines-tu tes personnages principaux ? Si oui, avantou après avoir entamé leurs aventures ?
Merci pour tes réponses. ;)
Olivier :Bonjour Lauryn.Peut-être que mon expérience de la bd ou du dessin me donne une approche visuelle,presque storyboardée, de l'écriture et j'imagine que cela ressort dans mes romans. Etpuis, comme j'imagine très clairement les personnages, les paysages, les atmosphères, lamusicalité ou la scénographie de chaque passage, je n'ai pas trop de mal à retranscriretout ça avec des mots. Je dirais même que je suis plus précis en écrivant qu'en dessinant.En dessinant une scène, je peux seulement la montrer. En l'écrivant, quand je fais bienmon travail, je parviens à la faire vivre, à la faire ressentir aux lecteurs.Sinon, pour ce qui est de dessiner les persos avant leur création, je crois que celam'arrive très rarement. Je griffonne de temps en temps pendant que j'écris mais commela vision des persos existe déjà dans ma tête, je ne ressens pas le besoin de la fixer sur lepapier.
Nathalie :
Bonjour Monsieur Péru,
Je connais surtout votre travail en bd et je découvre depuis peu que vous êtesaussi auteur de romans. Les commentaires précédents m'ont donné envie de lirevos livres.
En bd, vous avez plutôt exploré le côté scénariste que dessinateur ; est-ce par laforce des choses ou des projets ou bien c'est ce que vous préférez faire ? D'ailleurs,vous poursuivez votre travail d'écriture avec le roman.Avez-vous la même démarche pour écrire un scénario et un roman, commentprocédez-vous pour l'un et pour l'autre ?
Merci pour le "vrai" travail que vous faites, vous en faites rêver des gens ! :)
Olivier :Bonjour Nathalie,
Aujourd'hui, j'écris beaucoup (des scénarios et des romans) mais j'ai commencé ma carrière d'auteur par le dessin. Dans des revues, dans un premier temps, puis en scénarisant mes propres albums chez Soleil en tant que dessinateur. J'ai donc beaucoup dessiné, mais comme je le disais un peu plus haut, le dessin est une activité très chronophage qui m'empêchait de travailler sur toutes les histoires que j'avais envie de raconter. Il y a quelques années, j'ai pris la décision de mettre le dessin au second plan pour me consacrer davantage à l'écriture et voilà le résultat.
Quant aux différentes démarches d'écriture entre un scénario de bd ou un roman, il me faudrait des heures afin de bien vous répondre. Pour faire simple, disons, que pour chaque nouveau projet j'essaie en premier lieu de trouver le support adéquat. Je me demande quelles histoires feraient des bons bouquins, quelles autres seraient mieux en bd. Une fois que c'est décidé, j'essaie de trouver un ton. Pour une bd, l’important est de marier mon texte au dessin de mes camarades et de trouver le rythme de l'album. Quand j'écris la série Zombies, par exemple, j'emmène le récit avec une écriture cinématographique, j'entre dans le vif du sujet dès les premières pages, je travaille en utilisant l'ellipse et je me permets des dialogues modernes avec des grossièretés (ce que je m'interdis de faire dans un roman). Pour mes livres, Martyrs ou Druide, j'ai travaillé en pensant d'abord à la meilleure façon d'emporter les lecteurs dans mon univers. Je me suis donc concentré sur les personnages, sur la façon de leur donner vie dès les premiers chapitres pour qu'on ait envie de les suivre.