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Les amants passagers (Pedro Almodovar)

Publié le 05 avril 2013 par Carnetauxpetiteschoses @O_petiteschoses

A l’opposé des films aux sujets lourds et sérieux, il y a les comédies que l’on va voir par besoin de légèreté. Or dans le genre, une part importante est occupée par les comédies américaines stigmatisant les situations comiques jusqu’à battre des records de lourdeur et parfois avoisiner des domaines qu’on aimerait éviter (comme le scato). Dans ces cas là, c’est un peu raté pour que l’on considère qu’il s’agisse d’un « bon » film. Il y a peu de temps pourtant je considérais avec plaisir la réussite inattendue de certains films classés dans le genre comédies romantiques ou dramatiques, américain ou français (un peu en vrac, « 5 ans de réflexion », et vus récemment « 20 ans d’écart » ou « Bachelorette »).

Dans le cas présent, le film d’Almodovar offre une alternative encore différente, ajoutant à la comédie une coloration bien à lui, qui nous rappelle ses premiers films. Faisant suite aux brillants « Volver », « La mauvaise éducation » ou « La piel que habito », « Les amants passagers » offre un point de vue décomplexé et un brin transgressif sur la société espagnole actuelle, en mettant l’humour au service du message. Après ces grands films qui nous restent en mémoire, Almodovar propose ici une comédie dans laquelle on sent sa touche, son regard et son point de vue particuliers tout en sachant de réinventer. Contrairement aux films qu’on attribue à un réalisateur dans lesquels le message est toujours le même et les acteurs toujours un peu semblables. En ce sens déjà, « les amants passagers » présage d’un bon moment, car on sait qu’on va retrouver l’univers pétillant d’Almodovar et même certains de ses acteurs fétiches, mais dans un moment qui n’est pas de la redite ou du déjà-vu.

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On embarque alors à bord d’un avion en direction du Mexique, mais on va finir par voler au dessus de Tolède, lorsque les pilotes s’aperçoivent qu’ils ne peuvent atterrir en raison d’un problème sur le train d’atterrissage, ils doivent donc attendre qu’une piste se libère pour effectuer un atterrissage spécifique. Dans ce huis-clos quelque peu angoissant (convoquant la peur irrationnelle de l’avion), on assiste à la mutation progressive de la situation catastrophique en suivant les nuances des réactions des passagers à mesure que le voyage progresse.

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Le film amuse d’emblée par la palette de personnages hauts en couleurs qui font leur apparition successivement à l’écran. Ainsi la courte intervention du duo Antonio Banderas et Penelope Cruz est déjà un régal, et à bord l’équipage farfelu et ses passagers incongrus sont tout aussi délectables. Pour éviter la panique générale, une certaine partie de l’équipage donne des cachets aux passagers de la classe économique et aux hôtesses qui seront plongés dans un profond sommeil durant tout le film. Seuls donc les pilotes, les stewards et certains passagers de la classe affaire seront les acteurs de cette situation abracadabrante. Parmi eux, un tueur à gage, un homme politique recherché pour malversations, une femme encore vierge qui « sent les choses », un jeune couple, une actrice nymphomane, et un équipage homosexuel dont certains s’assument pleinement tandis que d’autres se cherchent.

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C’est l’occasion pour chacun de faire un bilan, de se confier, d’essayer de réparer des erreurs ou de prendre des décisions. Mais la panique pointe, malgré les efforts des personnages pour la noyer à coups de shots de tequila. Pour se calmer les nerfs, un breuvage à base d’alcool et de mescaline sera administré à tout le monde, provoquant une situation complètement hallucinante, dans un grand mélange des corps conscients ou non. Une manière de se lâcher complètement qui fait fi des règles.

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On aurait pu tourner en rond, mais Almodovar glisse ses rebondissements à point nommé,  relance le rythme, et sait s’arrêter à temps.

Dans cet univers kitch, on s’amuse de ce moment  suspendu, qui ne va pas vers un ailleurs mais qui replonge les personnages directement dans leurs vies que certains cherchaient à fuir. C’est drôle et transgressif. Ces « amants passagers » le resteront d’ailleurs peut être plus que juste la durée du voyage…

A voir :
Les amants passagers, un film espagnol de Pedro Almodovar, (1h30)

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