Sam Neua - Lao Cai (Vietnam)

Publié le 05 avril 2013 par Malokoxice
C'est avec un petit pincement au coeur que l'on quitte le Laos. Ce petit pays moins connu que ses voisins vaut vraiment le coup, pour ses paysages mais surtout pour les gens toujours calmes, souriants, acceuillants. Les Lao ont toujours l'air content. Visiblement c'est dans leur culture, d'etre contents. Apres tout, en France c'est dans notre culture d'etre pas contents, alors pourquoi pas! Faut de tout pour faire un monde.
Le passage de la frontiere est franchement paisible, il n'y a pas une voiture sur cette route. On se demande bien ce que font tous ces agents de l'immigration de leurs journee. Ils s'enmerdent tellement qu'ils nous font le coup de la fouille des bagages. Mais bon faut pas pousser non plus, ils sont pas extrement courageux quand il s'agit de travailler, alors quand ils voient le bronx qui regne dans nos saccoches, et qu'ils sont pris a la gorge par l'odeur de nos habits a laver, ils nous disent d'un air tres professionnel que c'est bon, on a rien sur nous, on peut passer.
 
De l'autre cote on tombe sur un tout petit bled, la route est deffoncee. On se rend rapidement compte qu'on va avoir un probleme d'argent car il n'y a pas de distributeur en vue. Heureusement j'ai fait du change a la frontiere (en me faisant au passage copieusement arnaquer par le douanier, c'est de bonne guerre) et on a l'equivalent de 15 euros en dong. Au bout de deux jours, alors que notre pecule a bien retrecit et que cette histoire ne nous fait plus trop rigoler, on tombe enfin sur une ville avec un ATM. C'est la delivrance, on va pouvoir se gaver. On se rend compte qu'on est quand meme bien dependants de ces machines-la.
Les paysages changent un peu a la frontiere, la petite route serpente dans la montagne au milieux des rizieres en terrasse, d'un vert etonnant. Les Vietnamiens cultivent le riz toute l'annee, alors que les Lao s'en occupent une fois de temps en temps, quand ils trouvent du courage. Un proverbe des colons francais (je crois) dit "Les Vietnamiens plantent le riz, les Cambodgiens le regardent pousser et les Laotiens l'ecoutent". On ne sait pas pour le cambodge, mais en revanche la difference entre Laos et Vietnam est frappante : ici tout les long des routes les gens sont affaires a couper des bambous pour en faire tout un tas de trucs, a s'occuper des rizieres, . . . Bon au Laos on en a bien vu quelques uns travailler (surtout des femmes), mais en majeure partie il prennent l'air devant leur paillotte.
Notre premiere journee au Vietnam est interrompue prematurement : je pete un 5eme rayon. Ca fait deux mois que mes rayons se brisent les uns apres les autres, malgres de nombreux passages entres les mains de specialistes indiens, thai et lao. Plus moyen d'avancer, on est oblige de s'arreter dans le minuscule bled ou on est. Je pars en recherche de bouffe et ne trouve pas d'epicerie mais je gagne au change, je me fait inviter a l'apero par de jeune viets. Comme ils ne font pas les choses a moitie, les petits shooters d'alcool de riz sont accompagnes d'un copieux repas auquel je fait honneur. L'un des hotes part chercher Vico en scoot et on passe une bonne premiere soiree.
Apres la reparation (ephemere) de ma roue, on reprend notre route vers Hanoi. On se rendra compte plus tard que l'on s'est un peu rallonge, mais ce n'est rien compare avec la mesaventure du lendemain. Un chien aboie toute la nuit malgres les jets de pierre d'un Vico enrage. Au petit matin on se fait decamper par une averse. Tout ca semble anoncer notre journee - pardonnez moi l'expression - de merde. On a le choix entre deux routes et on a pas trouve de carte, on navigue a vue, donc on demande a un type qui nous indique laquelle prendre, avec aplomb. C'est au croisement suivant que l'on s'apercoit qu'on revient vers le Laos (ca fait que tourner, on perd le nord!). Et ce croisement, il est 45 km plus loin. Les rizieres c'est bien joli mais on se serait passe de les voirs deux fois. Retour au point de depart le soir, apres 90 bornes a travers la montagne. Heureusement pour notre indic du matin, on s'y perd un peu entre tous ces visages brides. Si on l'avait reconnu on lui aurait bien fait manger la boussole.

On quitte peu a peu la montagne en montant et descendant par pallier, suivant les plateaux ou s'etendent des rizieres. Enfin vient une immense descente, qui nous fait temporairement quitter la montagne. J'ai pas mal de rayons petes, alors on stoppe. Un endroit plat pour passer la nuit se presente a nous, y'a juste a demander a cote si ca ne derange pas. Un jeune restorateur nous dit de le suivre, de rentrer les bolides a l'interieur et nous propose une douche. "On est en train de se faire heberger la?" Effectivement! Le camping est un truc qui n'existe pas ici, alors ils ne comprennent pas trop. Il semble un peu nous prendre pour des clodos "do you have problems? why can't you have a little bit of comfort? You sleep here tonight and i will not take your money!" On passe la soiree sur google translate, et on entend la pluie tambouriner sur le toit. Il pleut jusqu'au matin. On est chanceux car la nuit suivante, que l'on passe dans un terrain vague, on sent que ca peut craquer a tout moment. Le matin un orage enorme eclate alors que l'on a decampe depuis 5 minutes. Et le scenario se repete plusieurs fois ensuite.
Tout le long de la route on mange du pho, soupe de nouille avec de la viande et des herbes, fort bon mais on s'en lasse un peu a en manger matin midi et soir durant des jours. Un matin on trouve des oeufs durs, on saute sur l'occasion. On galere a les decortiquer alors le patron nous fait la demo, un coup de machette et la coquille s'ouvre toute seule sur un presque-poussin. Comme on a faim, on s'y file (eh oh vous vous posez pas tant de questions quand vous bouffez un poulet).
On est surpris, comme au Laos, par leur amour de l'alcool. Dans la plupart des "restos" il n'y a pas de verre a eau sur les tables, mais des petits shooter pour s'envoyer de l'alcool de riz. Et ils ne s'en privent pas. Un matin, vers 7h30, on se pose dans une petite gargotte pour manger un pho. On est cernes par trois tables ou les cul-secs vont bon train. Evidemment tout le monde veut trinquer avec les deux blancs, mais on essaye de se faire tout petits pour tenter de s'echapper : on a une journee de velo a faire nous les gars!
L'arrivee a Hanoi nous etouffe un peu : le centre est tres touristique. Mais ce quartier des 36 rues ne manque pas de charme, un dedale de petites rues remplies de restos et magasins en tout genre. Impossible de ne pas s'y perdre en arrivant! Pendant deux jours on prend le temps de se reposer, de manger autre chose que du pho, de faire quelques operations de maintenance sur nos velos, de visiter temples, musees, marches. La seule visite que l'on fait en commun est l'ancienne prison de Hanoi. Construite par les colons francais elle servait a emprisonner quelques criminels, mais surtout des opposants communistes. Le moins que l'on puisse dire c'est que l'on ne les traitait pas franchement avec douceur, la salle de la guillotine regorge d'objets "utilises par les colons francais pour torturer des camarades communistes". La prison a par la suite ete utilisee par les vietnamiens pour enfermer les pilotes americains captures lors de la guerre. On peut y voir une photo de ce bon vieux John McCain encore tout jeune et tout fringuant. A en croire les commentaires, les detenus americains etaient traites comme des papes, s'amusaient comme des fous, en resume ils etaient presque mieux ici que chez eux. N'y aurait-il pas un soupcon de propagande la-dessous?

Une nouvelle fois on se perd de maniere un peu incomprehensible. Alors on fait chacun la route de notre cote, a notre rythme. C'est plat et on fait tout les deux une grosse journee. En se retrouvant le lendemain matin sur la route, on se rend compte qu'on a dormi a quelques centaines de metres l'un de l'autre, malgres les 100km fait chacun de notre cote. A rouler ensemble depuis 7 mois, on commence a etre regles pareil.


Les Vietnamiens ont une facheuse tendance a toujours vouloir nous enc**** sur les prix. On a l'habitude de ca dans les endroits touristiques, mais ici c'est presque systematique et donc un peu agacant. Dommage, car a cote de ca l'acceuil est tres chaleureux. Alors tant qu'il ne s'agit pas de pognon, on s'entend tres bien!
Apres la circulation quasi inexistante au Laos (a part des motos et scooters), on se reaclimate au code de la route asiatique. Le plus fort a la priorite, et le velo n'est pas souvent le plus fort. Ce matin, un camion en double un autre en face de nous. Esperant que le camion va avoir le temps de se rabattre, j'attends le derniers moment pour me jeter dans le fosse (le camion n'en a rien a faire de nous, alors il ne cherche pas a se rabhattre rapidement). Cette situation etant assez courante, je ne me retourne pas vers Vico et je retrouve le goudron. 300 metres plus loin, coup d'oeil dans le retro, pas de Vico. Je freine et me retourne, pas de Vico. "Oh le con, il a mange le camion", me dis-je. Mais non mais non, revoila ce bon Vico qui a juste mis un peu de temps a se sortir du fosse.

Un gros morceau nous attend maintenant, la Chine!
Bon allez, j'ai quelques rayons a aller remettre moi.
Vous le savez, les photos c'est la!