Affaire Cahuzac : « une exigence de transparence renforcée »

Publié le 05 avril 2013 par Delits

Combien de temps l’affaire Cahuzac va-t-elle occuper les esprits? A qui va-t-elle nuire? L’Express a interrogé Délits d’Opinion pour répondre à ces questions.

L’Express : Combien de temps l’affaire Cahuzac peut-elle marquer l’opinion publique ?

Délits d’Opinion : Cela dépendra de la suite de l’affaire et de la gestion de communication du Gouvernement. Celui-ci a naturellement tout intérêt à prendre ses distances et à jouer la thèse de la dérive d’un homme seul qui a trahi son camp. S’il s’avère que Jérôme Cahuzac a agi sans que personne ne soit au courant, l’opinion publique ne sera pas très fortement marquée. Cela constituera une étape de plus dans les grands scandales politiques, le prochain étant probablement la suite de la mise en examen de Nicolas Sarkozy.

En revanche, si l’on apprend que des membres du gouvernement ou François Hollande lui-même étaient au courant, cela provoquera un véritable séisme. La gestion de crise dans les heures et jours à venir, à commencer par les déclarations de François Hollande, vont être très importantes et il tâchera sans doute de dramatiser sa colère et sa déception pour montrer qu’il n’était absolument pas au courant, comme son premier communiqué d’hier tend à le montrer.

L’Express : Cette affaire va-t-elle entacher seulement Jérôme Cahuzac ou peut-elle mettre à mal le gouvernement ou même l’ensemble du monde politique ?

Délits d’Opinion : Il faut en savoir plus. Qui savait quoi ? Si c’est la dérive d’un seul homme, comme l’indiquent les membres du gouvernement, alors il sera le seul responsable. Sa carrière politique semble de toute façon terminée. En revanche, s’il est avéré que l’un des deux membres du couple exécutif était au courant, cela fragiliserait encore un peu plus cette majorité, en particulier sur un des rares traits d’image relativement positifs qui lui restent.

Mais l’ensemble de la classe politique sera touchée : cela participe à une accumulation d’affaires qui renforcent cette idée que les politiques sont « tous pourris ».

L’UMP, de son côté, est occupée par la mise en examen de Nicolas Sarkozy et en partie fragilisée par le livre publié cette semaine qui met en cause Jean-François Copé. Elle souffre également d’une relative absence de projet alternatif à la politique économique actuelle. A ce titre, je ne suis pas persuadé qu’elle puisse grandement tirer profit de ce scandale.

D’une manière générale, cela devrait favoriser l’exigence de transparence sur tous les aspects de la vie des politiques, qu’il s’agisse naturellement en matière de respect de la loi mais également d’une certaine éthique personnelle, comme les révélations sorties sur Anne Hidalgo tendent également à le montrer.

Les journalistes pourraient également être touchés, puisque certains avaient critiqué de façon parfois virulente les révélations et les méthodes de Mediapart.

L’Express : Cette affaire peut-elle avoir des répercussions sur échéances électorales à venir?

Délits d’Opinion : Concernant les élections municipales, le PS perdra de toute façon des villes, c’est une quasi-certitude, mais pas en raison de cette affaire. En outre l’impact de la perte de quelques villes de taille moyenne, largement prévisible, serait naturellement sans commune mesure avec la perte de Paris, Lyon ou Lille, qui paraît peu probable actuellement. Les présidentielles sont dans quatre ans, le risque de répercussion est donc plus difficile à anticiper. Sauf si l’on apprenait que le duo exécutif était au courant…

L’Express : Peut-on comparer cette affaire à d’autres scandales politiques récents?

Délits d’Opinion : Spontanément on pense naturellement à l’affaire Woerth, car elle est récente et que c’est une affaire économique. Mais les similitudes s’arrêtent là : l’affaire Woerth était une affaire liée au financement d’un parti et impliquait des comptes de campagne, on est donc plutôt dans un problème systémique ce qui n’a rien à voir avec l’affaire Cahuzac.

Interview disponible sur le site de l’express