En janvier dernier, malgré les multiples mesures de rigueur mises en œuvre par le gouvernement pour contrecarrer la récession, l'Espagne battait un triste record en franchissant la barre historique des 5 millions de chômeurs. Cette crise sans précédent, le projet "HANDS" lui a donné un visage ou plutôt une gestuelle afin d'éveiller les consciences sur le devenir du pays.
Depuis le début de l'année, on peut voir des mains fleurir dans les rues de Barcelone. Placées à des endroits stratégiques, elles questionnent subtilement les passants sur l'état d'urgence dans lequel est plongé leur pays.
Derrière ces installations hors du commun, on trouve Octavi Serra, Mateu Targa, Daniel Llugany et Pau Garcia. Tous quatre évoluent dans le domaine des arts graphiques et ont souhaité poser leur regard aiguisé sur la crise économique à travers le projet HANDS.
Loin d'être de banals moulages, ces mains prennent vie grâce à une contextualisation minutieuse mêlée à une pointe d'ironie. On peut alors apercevoir, en plein coeur de Barcelone, une main cherchant désespérément la monnaie restante d'une cabine téléphonique, une autre tentant d'ouvrir une boutique désaffectée avec un pied de biche ou encore une tenant un nœud coulant au-dessus d'un distributeur. Des mains anonymes qui prennent la parole pour exprimer l'indignation d'une majorité silencieuse.
Les installations du collectif ne passent pas inaperçues et suscitent l’intérêt des riverains s'arrêtant pour les photographier et les commenter. Une interactivité synonyme de succès pour ce projet qui a réussi à faire naître le débat en pleine place publique.
Le projet HANDS est également le témoin d'un monde culturel exsangue où la rue reste l'ultime lieu pour s'exprimer librement.
Après avoir croisé ces mains, une question demeure dans tous les esprits : et si l'art était finalement le véritable remède à la crise ?