Dernière étape de ce voyage à travers mes appartements, notre parcours nous amène au cœur du sanctuaire, ma pièce préférée, mon bureau bibliothèque, celle où le corps peut rester sur le seuil comme des tatanes à l’entrée de la mosquée, libérant l’esprit de son emballage pesant pour le laisser s’envoler vers des espaces infinis, sans limites.
Des murs couverts de rayonnages où s’empilent et s’écrasent les uns contre les autres, tous mes livres, mes chers bouquins. Les lire, m’ont occupé durant des heures qui si j’en tentais le calcul représenteraient des mois, voire des années peut-être. « La lecture, une porte ouverte sur un monde enchanté » écrivait François Mauriac, tout est dit, tout est expliqué dans cette simple phrase. Quand on connaît ce secret, appris très jeune, on ne peut qu’ouvrir cette fameuse porte et s’engager le cœur léger sur ce chemin riche en enseignements et en joies. Une route tellement longue qu’une vie entière ne suffit pas pour en voir le bout - et c’est aussi son intérêt - savoir que jusqu’au dernier jour, grâce au pouvoir de la lecture, on s’autorisera du bonheur. Et si, mais pourquoi utiliser le conditionnel qui n’a pas sa place ici, et quand donc, le malheur vient frapper à ma porte, je m’empresse de ne pas oublier cette confidence de Montesquieu, « Je n’ai jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dissipé ». Les grands anciens sont souvent de bon conseil.
Ceint de cette muraille familière pleine d’amis je peux enfin m’installer à mon bureau, devant mon ordinateur. Après m’être gavé l’esprit des aventures et des voyages des autres, il était bien normal que j’évacue tout cela en me livrant moi aussi, comme tant d’autres, à l’acte d’écrire. C’est donc dans cette pièce que je rédige mon billet quotidien, coulisses du blog que vous êtes en train de consulter. Quand vous lirez ce texte, devant mon écran, moi je serai en train de rédiger le prochain.
D’ailleurs je peine à trouver un nouveau sujet pour demain, alors si vous le permettez, je vais vous laisser et bosser mon papier. Je ne vous raccompagne pas, pardonnez-moi, mais vous connaissez le chemin désormais…