Je suis toujours surpris d’entendre et de voir dans les médias l’indignation de nos politiques dès que l’un d’eux est pris la main dans le sac, les voilà qui retournent leur veste, qui tournent le dos à leurs « amis » de longue date, à leurs camarades de souffrance, en les montrant, pointant du doigt, indiquant combien celui-ci est coupable comme pour se détacher et montrer au monde qu’ils ne sont pas comme lui, l’infâme traitre, mais en fait, peu de choses les différencient, ils sont peut-être tout simplement plus malins ou alors, ils ont eu plus de chance.
Tous au Parti Socialiste condamnent, lapident le ministre démissionaire Cahuzac, le guide moral qui devait relever la France qui a les deux genoux à terre, les mêmes qui faisaient de DSK le futur sauveur de notre pays, et on a vu quel sauveur il pouvait être, mais enfin, cette fixation sur M Cahuzac devient indécente, oui, il a triché, oui, il a des comptes à l’étranger, mais qui n’en a pas dans cette famille politique, quels sont les grandes fortunes françaises qui n’en n’ont pas ?
Si on mettait la main sur tous les fraudeurs fiscaux de notre pays, la France serait remise sur pied en un rien de temps, mais voilà, pour protéger certains, il faire plonger les autres. A Gauche comme à Droite, Comment moraliser notre jeunesse avec de tels guides politiques, comment moraliser les délinquants alors que ceux qui font les lois sont des tricheurs et des menteurs qui ne sont jamais punis, malgré leurs actions malhonnêtes, comment moraliser la politique alors qu’elle est immorale ?
Pour montrer à quel point la presse française est hypocrite et visiblement achetée par le monde politique, je souhaiterais vous livrer un article rédigé par un journaliste Suisse sur cette affaire, tiré de la revue Le Temps, une revue qui nous apprend au quotidien comment la même information peut-être gérée de façon complètement différente et comment également les politiques français nous prennent véritablement pour des imbéciles, vous jugerez par vous même.
Bercy: l’erreur qui dérange
Alexis Favre
Mieux formulée, la demande d’entraide fiscale française aurait porté ses fruits. Singapour n’est pas l’étape d’exil idéale pour les fortunes françaises en fuite :
Quarante-cinq jours. C’est le temps qui s’est écoulé entre la première mention par Mediapart, le 11 décembre dernier, de la banque Reyl & Cie dans l’«affaire Cahuzac» et la demande d’entraide administrative fiscale adressée le 24 janvier par Bercy à la Suisse pour savoir si le ministre avait détenu un compte à UBS entre 2006 – limite de la prescription fiscale – et 2013. Une demande à laquelle la Suisse a répondu par la négative le 31 janvier.
Pourquoi la demande du ministre de l’Economie et des finances, Pierre Moscovici, ne visait-elle que la détention d’un compte à UBS, alors que le nom de la banque Reyl était dans l’air depuis un mois et demi?
La question fait trembler la France officielle depuis la confession de Jérôme Cahuzac et la confirmation de l’existence de son compte en Suisse. Pierre Moscovici a-t-il adressé une demande trop limitée à la Suisse pour «couvrir» son ministre délégué? Et s’en est-il servi pour faire pression, une fois la réponse négative rendue par la Suisse, sur la procédure judiciaire ouverte en parallèle?
Interrogé par Mediapart mercredi, Pierre Moscovici se défend: «C’est vous, Mediapart, qui parliez d’UBS!» Il précise, dans un communiqué, que l’existence d’un compte auprès d’UBS était la «seule information révélée par Mediapart.» Il assure pourtant avoir «personnellement repris la main sur ces sujets» dès le 10 décembre. Il ne pouvait donc pas ignorer le lien établi entre Jérôme Cahuzac, son conseiller financier Hervé Dreyfus et la banque Reyl, fondée par le demi-frère de ce dernier – comme le révélait Le Temps le 13 décembre –, Dominique Reyl.
Le malaise est palpable. Car on sait désormais que, si la demande d’entraide avait aussi visé un compte chez Reyl, la réponse aurait été positive et aurait précipité la chute de Jérôme Cahuzac: son compte, ouvert en 1992 à UBS, a été transféré en 1998 chez Reyl, où il est resté ouvert pendant onze ans.
Les regards se tournent vers l’exploitation médiatique et politique qu’a pu faire Bercy de sa demande d’entraide. Dans des articles datés du 5 et du 9 février, Le Nouvel Observateur et Le Journal du Dimanche (JDD) font état de la réponse négative suisse. «Les Suisses blanchissent Cahuzac», titre même le dominical, en citant «l’entourage du ministre de l’Economie».
Ainsi, à peine la Suisse avait-elle répondu que Pierre Moscovici en tirait, publiquement, des conclusions définitives. «J’ai demandé que jouent les mécanismes de l’entraide fiscale, déclarait-il le 7 février sur France Inter. J’ai reçu le document, que j’ai transmis à la justice. Je n’avais pas de doute sur le résultat que pouvait engendrer cette procédure.»
Alors que, à cette époque, une enquête préliminaire a déjà été ouverte, le 9 janvier, par le parquet de Paris, Mediapar t ose: «La tentative de peser sur le cours de la justice paraît évidente: pourquoi poursuivre une enquête préliminaire puisque Bercy a remis avec diligence [au parquet] la réponse négative de la Suisse?» Aujourd’hui, Pierre Moscovici prend ses distances avec les articles parus en février. A Mediapart, il les qualifie «d’opération de com montée par je ne sais qui». Et ajoute: «J’avais refusé de répondre au JDD, comme le directeur général des Finances publiques et tous les membres de mon cabinet.»
S’il s’agissait bien d’une «opération de com», par qui a-t-elle été orchestrée? Les spéculations fusent à Paris et pointent les communicants de Jérôme Cahuzac. En tête, Marion Bougeard, cadre de l’agence Euro RSCG, détachée au Ministère du budget dès la nomination de Jérôme Cahuzac. Ancienne conseillère de Liliane Bettencourt pendant l’affaire Woerth, Marion Bougeard a toujours promis que ni elle, ni le ministre déchu n’étaient au courant de la réponse suisse à la demande d’entraide et que la fuite ne pouvait donc pas émaner du cercle restreint de Jérôme Cahuzac. «Jérôme est un contribuable comme un autre, il n’a pas accès à ces informations», affirmait-elle au Temps en février. Marion Bougeard a pourtant multiplié les contacts privilégiés avec les journalistes dans un souci de maîtrise de l’information. Contactée jeudi, elle écrit par SMS avoir été trompée par Jérôme Cahuzac: «C’est une trahison inouïe. Je l’ai cru. Comme beaucoup. Je suis dévastée. En miettes.»
Reste la question de fond: Pierre Moscovici aurait-il pu formuler différemment la demande adressée à la Suisse? La prescription fiscale française – cinq ans, plus l’année en cours – interdisait à Bercy de demander des informations antérieures à 2006. Mais rien n’empêchait d’inclure un potentiel compte chez Reyl dans le champ des investigations. Les conditions de recevabilité d’une demande d’entraide fiscale sont claires, explique le porte-parole de l’Administration fédérale des contributions, Thomas Brückner: «L’Etat requérant peut demander tout renseignement vraisemblablement pertinent pour appliquer les dispositions de la convention ou pour l’administration ou l’application de la législation interne relative aux impôts. Une demande doit comprendre des informations sur le nom et l’adresse du détenteur supposé des renseignements, dans la mesure où ils sont connus.»
Une autre solution s’offrait encore, estime un ancien cadre du ministère: «La France aurait dû envoyer la demande à Singapour, pas en Suisse! Une convention entre Singapour et la France est en vigueur depuis le 1er janvier 2011. La France fait une demande à la Suisse sur des éléments prescrits alors qu’à Singapour, ça n’est pas prescrit. C’est quand même bizarre…»
Alexis Favre
Nous vivons une époque formidiable…