Drôle d’ambiance : absent des claviers, 5000K pour vous montrer des images de lumières de guerre ! Il y a de quoi réfléchir : nous sommes entre 1940 et 1945, de nouveaux moyens d’éclairage sont déployés pour les besoins du conflit. Dès 1934, les nazis avaient exploité le potentiel des phares de DCA à Nuremberg. Et 5000K ne serait pas 5000K si il ne vous apportait pas un éclairage historique, enfin par le biais d’un article de Catherine Bertho-Lavenir publié en 2000 dans les défunts Cahiers de Médiologie.
L’historienne cite Albert Speer « sur l’esplanade Zeppelin avait lieu chaque année une fête organisée pour le corps des petits et moyens fonctionnaires du parti, ceux que l’on appelait « administrateurs ». Alors que les SA, le service du travail et bien entendu la Wehrmarcht faisaient grosse impression sur Hitler et les spectateurs par leur discipline et l’exactitude avec laquelle ils réglaient les mouvements de leur démonstration de masse, il apparut qu’il serait difficile de montrer les administrateurs sous un jour aussi flatteur. Engraissés par leurs prébendes, ils avaient en majorité pris un ventre respectable. On ne pouvait même pas attendre d’eux qu’ils forment correctement les rangs. La division chargée de l’organisation du Congrès du parti cherchait des solutions à ce douloureux problème qui avait provoqué des remarques ironiques de la part de Hitler, quand me vint l’idée salvatrice : « faisons les donc défiler dans l’obscurité », proposais-je ». Ce cher Albert ! Catherine Bertho-Lavenir décrit ensuite la cérémonie : « Elle se déroula en deux temps. En premier lieu, Speer rassemble derrière un haut mur des milliers d’étendards frappés de la croix gammée.[...] Les étendards et les aigles brillants qui les couronneraient seraient éclairés par six puissants projecteurs de façon à ce que ce seul spectacle produise un effet saisissant. Speer imagine par ailleurs de construire un mur de lumière en empruntant 130 projecteurs de défense antiaérienne à la Luftwaffe. Goering est réticent : le réarmement n’en est qu’à ses débuts, et l’Allemagne n’en possède qu’un nombre restreint mais Hitler le convainc par un argument de propagande « si nous en disposons un si grand nombre ici, on va croire que nous nageons dans les projecteurs ». Le résultat est spectaculaire « les 130 projecteur, poursuit Speer, placés tout autour de l’esplanade, à 12 mètres seulement les uns des autres, illuminaient le ciel de leurs faisceaux qui, d’abord bien détachés, se fondaient à une hauteur de 6 à 8 kilomètres en une vaste nappe lumineuse. On avait ainsi l’impression de se trouver dans une immense pièce aux murs d’une hauteur infinie, soutenue par de puissants piliers lumineux. Parfois, un nuage traversait cette couronne lumineuse et ajoutait au spectacle grandiose un élément d’irréalité surréaliste (sic) ». L’ambassadeur de Grande-Bretagne sera plus synthétique : « c’était en même temps solennel et beau, on se serait cru dans une cathédrale de glace ».
Bon, vous avez lu tout ça, vous méritez bien de voir ces lumières de guerre tant méritées : cathédrale de glace, space writing, tout y est…
Retrouvez l’article « Cathédrales de lumière » de Catherine Bertho-Lavenir ici