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- Devezh mat, Metz, mont a ra ? Bonjour, madame Kervella.
- Un petit blanc comme d’habitude, professeur Blequin ?
- Oui, comme d’habitude…
- Dites, ça vous inspire quoi, à vous, l’affaire Cahuzac ?
- Boh, rien.
- Ah ? Vous ne trouvez pas que ça décrédibilise la politique ?
- Saperlipopette, mais oui, vous avez raison, la politique française était vachement crédible avant ! Avant Hollande, on a eu Chirac puis Sarkozy à l’Élysée : deux modèles absolus d’honnêteté et d’intégrité morale s’il en est ! Maintenant, on ne pourra plus dire « quel bon joueur ce Copé », ni « quel humaniste ce Valls », ni « quel démocrate ce Dassault » et encore moins « quel homme chaste ce Strauss-Kahn » ! Ah non, c’est sûr, c’est la fin d’une époque où les hommes politiques pouvaient être cités en exemples aux enfants !
- Hin ! Hin ! Très drôle ! Enfin ils ne sont pas tous comme ça ! Eva Joly, vous l’aimez bien, il me semble ?
- Et elle a fait combien, aux présidentielles, madame Joly ?
- Ben vous savez bien, 2,3 %…
- Ben voilà ! Quand il y a une personne honnête qui se présente, les électeurs l’envoient balader ! Si les Français étaient encore gênés que leurs élus politiques magouillent et piquent dans la caisse, Sarkozy n’aurait même pas été au second tour…
- Mais vous ne craignez pas qu’à terme, ça fasse le jeu des extrêmes ?
- Je n’y crois pas tellement : à notre époque, on fait défiler l’info devant nos yeux vitesse grand V, le public a à peine le temps d’assimiler une info qu’il y en a une qui se pointe ! Je ne sais pas si les médias modernes abrutissent les citoyens ou si la majorité est déjà abrutie de longue date, toujours est-il que les Français ont la mémoire courte ! Les extrêmes peuvent peut-être espérer glaner quelques voix pour les prochaines municipales grâce à l’affaire Cahuzac, mais d’ici 2017, les Français auront déjà oublié tout ça et on aura peut-être un président UMP qui aura eu le temps de se refaire une virginité médiatique en cinq ans d’opposition…ou la réélection de Hollande.
- Ne dites pas de bêtises non plus !
- Je vous aurais dit, à quatre ans des dernières présidentielles, qu’il serait élu, vous m’auriez cru ?
- Hum ! Enfin, imaginons quand même que le FN grossisse jusqu’à gagner en 2017 voire réussisse à prendre le pouvoir plus tôt en récupérant le mécontentement populaire qui grossit…
- Ce n’est pas impossible, en effet…
- Mais pourquoi nos élus ne font-ils rien pour empêcher ça si la menace est réelle ?
- Parce qu’ils s’en foutent ! Ils sauront sauver leur peau ! Dans le pire des cas, ils n’auront pas de difficultés matérielles pour partir en exil politique, eux ! Quand on a les poches pleines de millions d’euros et des relations bien placées à l’international, on a toujours une solution de repli !
- Vous croyez vraiment qu’ils s’enfuiront tous ?
- Oh non ! La plupart resteront ! Ils voteront les pleins pouvoir sans problème à Le Pen, comme l’ont fait les députés en 1940 pour Pétain, les uns par lâcheté, les autres parce qu’ils seront trop contents d’avoir enfin une occasion pour abattre « la gueuse » ! C’est comme ça qu’on appelle la République encore aujourd’hui dans certains milieux conservateurs…
- Mais c’est terrifiant, ce que vous annoncez là !
- Rassurez-vous ! Selon moi (j’espère ne pas ma tromper), il y a de fortes chances pour que la République demeure et que le cirque politico-magouillard continue encore pendant des siècles et des siècles…
- Heu… Et c’est rassurant, ça ?
- Dans un sens, oui : un régime politique ne peut pas être parfait tout simplement parce que l’homme n’est pas parfait. Il n’y a que dans les dictatures que le pouvoir prétend être parfait… Disons que la République est le seul régime politique qui assume d’être perfectible.
- Et c’est déjà énorme !
- Vous avez tout compris ! Bon, remettez-moi un petit blanc… Kenavo, les aminches !
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