À la question de la
différence entre l’humain et la machine, la réponse la plus fréquente et la
plus populaire est celle des émotions : une machine n’aurait pas la
possibilité de ressentir une quelconque émotion. C’est en partie vrai seulement,
car un robot doté de capteurs peut « ressentir » son environnement. Ainsi,
plusieurs expérimentations ont montré qu’un robot peut analyser les émotions de
son interlocuteur et adapter son comportement en conséquence. De plus, de
nombreux travaux ont permis d’aboutir à des expressions émotionnelles très
réalistes. Néanmoins, il reste indéniable qu’il existe une différence
fondamentale entre exprimer un état émotionnel fusse-t-il le résultat d’un
processus mettant en œuvre un niveau de perception et « ressentir réellement »
une émotion. C’est toute la différence entre une simulation et la réalité. Les
différences de nature entre l’organique et l’artificiel, entre l’évolution et
la création ex nihilo, etc., sont autant de raisons de penser qu’il sera
extrêmement difficile d’aboutir à une créature artificielle capable de
ressentir des émotions au sens où nous l’entendons généralement.
Ce matin au Jardin des Tuileries, j'admirais la sculpture d'Aristide Maillol intitulée "La Douleur" (image ci-contre). Parmi les émotions, elle est celle qui me semble la plus fondamentale. Peut-être la plus importante de
toute. Il me semble intuitivement qu’elle est à l’origine de
toutes les autres : quand on a la douleur, on obtient le plaisir, quand on
a du plaisir on obtient le contentement, etc. La douleur entretient également
une relation très étroite avec l’intégrité corporelle et la conscience de soi et
l’apprentissage. Lorsque l’on s’intéresse un peu à elle, on s’aperçoit
rapidement que c’est une notion complexe, au même titre que l’intelligence, la
conscience, la vie. D’une part, nous savons tous la reconnaître immédiatement,
mais elle reste difficile à définir précisément.
Parmi les multiples
définitions, en voici une (source wikipédia) : « une douleur est une
sensation désagréable ressentie par un organisme dont le système nerveux
détecte un stimulus nociceptif. Elle peut être provoquée par un traumatisme
(brûlure, plaie, choc) ou une maladie, mais aussi par un mauvais fonctionnement
du système nerveux responsable de sa transmission. Habituellement, elle
correspond à un signal d'alarme de l'organisme pour signifier une remise en
cause de son intégrité physique. Un individu pourrait ressentir une sensation
extrêmement désagréable, voire insupportable, qui peut provoquer un mouvement
réflexe de retrait (au niveau des membres et des extrémités) ou un changement
de position du corps. »
Les douleurs surviennent dans
les systèmes complexes. Elles se résument schématiquement en douleurs par excès
de nociception, en douleurs neurogènes, en douleurs psychogènes, en douleurs
aiguës et chroniques. Pour terminer, je dirai qu’il ne faut pas essayer de
simuler la douleur dans une machine comme un humain la ressent, mais plutôt
d’identifier les phénomènes qui, compte tenu de la nature inorganique des
machines, pourrait être qualifiées de sources de « douleurs » :
perte de l’intégrité matérielle, température excessive des composants, encombrement mémoire,
bugs et autres virus, etc., et intégrer au plus bas niveau les mécanismes de
perception interne et d’alerte.