Cinq ans ce sont déjà écoulés depuis la crise financière et l’éclatement de la bulle des subprimes. Mais dans l’économie réelle, la crise est toujours bien présente. L’Europe ne le sait que trop bien. Les gouvernements se succèdent, mais la courbe du chômage semble refuser de vouloir s’inverser. En France, le gouvernement Ayrault est pris en tenaille entre sa volonté de rétablir l’équilibre budgétaire, et la croissance en berne, elle-même aggravée par le serrage de ceinture gouvernemental. Du coup, il joue les équilibristes en redistribuant d’une main ce qu’il prend dans l’autre. C’est l’idée de l’accord emploi-compétitivité, censé « déchargé » les entreprises d’une partie de leur fiscalité, ce qui financerait la reprise des activités économiques. Mais au delà de la difficulté de telles négociations, on voit bien que l’état manque cruellement de marge de manoeuvre. Pas question d’injecter massivement des sous dans l’économie, alors qu’on s’efforce dans la douleur de rétablir le déficit aux fameux 3% de PIB. Que peut-on alors faire pour relancer l’économie ?
C’est à l’échelle de l’Europe qu’une réponse pourrait être trouvée. Dans une récente interview, Pascal Canfin, ministre délégué au développement, met les pieds dans le plat [1] . Finançons l’économie par l’Europe, c’est-à-dire via la banque centrale. Celle-ci pourrait dégager des capitaux pour financer un certain nombre de projets communs (aux pays européens) et écologiques. Les idées de secteurs d’avenir où investir ne manquent pas. Que ce soit la rénovation thermique des bâtiments, le développement des énergies renouvelables ou celui des transports en commun, il y a un fort potentiel d’activité économique, et donc d’emplois. De plus, une reprise de la croissance serait un véritable soulagement pour les états, surtout dans l’optique de réduction des déficits, car la récession continue de rendre cette tâche impossible, les rentrées d’argent diminuant de concert avec la baisse des activités économiques. Cette démarche permettrait de vraiment remettre l’Europe sur les rails, en développant un projet à trois niveaux, tenant compte à la fois des court, moyen et long termes. A courte échéance, dans une économie qui peine à se financer, de tels investissements sont cruciaux pour relancer l’activité de la zone euro. A moyen terme, seule une économie bien portante pourra rendre une politique de réduction des déficits soutenable. Et à long terme, il s’agit d’une véritable opportunité de mettre enfin la main à la pâte, et engager la transition écologique dont nos sociétés ont tant besoin.
Comment un tel processus pourrait-il être mis en place ? La Banque Centrale Européenne est soumis à des règles strictes. Entre autre son interdiction de financer directement les états (interdiction largement débattue [2] ) ainsi que le devoir de ne privilégier aucun état européen en particulier. Mais l’Europe dispose d’un autre organe, la Banque Européenne d’Investissement. Celle-ci pourrait être financer directement par la BCE, et investirait sur des projets dans toutes l’Europe, sur des critères écologiques et d’intérêts communs.
Aujourd’hui, si encore aucun chef d’état européen ne propose une telle solution, on constate une véritable évolution positive. Ce genre de proposition commence à faire son chemin au sein de l’Europe, et notamment en France. Hier, l’un de nos ministre défendait se point de vue. Mais la fondation Nicolas Hulot avait également proposé un tel mécanisme il y a un peu plus d’un an [3] . De plus, le parlement européen vient également de voter une loi de financement de grandes infrastructures énergétique, avec pour but une véritable conversion de la production énergétique, et une réduction des émissions de CO2 de 20% en 2020, puis 40% en 2030 et 80 en 2050 [4] . On pourrait penser qu’en temps de crise, l’écologie n’est pas une priorité. Mais ces projets européens prennent le problème à contre-pied. Les enjeux écologiques deviennent une véritable opportunité de relancer l’emploi par la reprise de l’activité économique.
- cf. le Nouvel Obs
- cf. Ni Dupes Ni Devins
- cf. LeBlogduDD
- cf. Le journal de l’environnement