On ne rentre jamais à la maison ... (je complète avec) "de son enfance".
Trois personnages principaux, dont un très présent par son absence, Charlie. Toute l’histoire tournera autour d’elle, disparue mystérieusement quand elle était enfant. Pierre-Paul était son ami, son confident, son amoureux, même s’ils n’avaient qu’une dizaine d’années. Les deux enfants vivaient dans une bulle increvable, protégés du reste du monde par leur complicité. Le troisième personnage viendra après la disparition de Charlie : Clara, sa sœur. Voilà pour les personnages sur deux pattes, passons à la maison d’enfance maintenant, également un « personnage » avec sa cave, ses étages, son grenier. Cette maison a beaucoup d’importance pour Charlie et Pierre-Paul. C’est l’extension de leur bulle.
Après la disparition de Charlie, Pierre-Paul vivra la présence harcelante d’un fantôme qui hantera son enfance et sa vie d’adulte. Clara souffrira autant que Pierre-Paul de l’absence de Charlie, même si différemment. D’aucune façon elle n’arrivera à la cheville du portrait de sa sœur que ses parents ont sublimée.
Bref, cette histoire cible tout ce qui marque l’enfance au fer rouge.
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Comment j’ai vécu cette histoire :
On la pénètre par la maison. L’auteure lui a donné une vie palpitante, mystérieuse. Je n’exagère pas en disant qu’elle a l’impact d’un personnage. Le premier tiers du roman m’a envoûtée pour l’odeur pur de l’enfance respiré à plein nez, avec ce Pierre-Paul et cette Charlie. L’auteure brosse un portrait de cette dernière qui exacerbe notre envie de la voir vivre. Et puis, inexplicablement, elle disparait. J’ai vécu un deuil plus important que je ne l’ai cru à prime abord, ne réalisant pas tout de suite que Charlie part, emportant avec elle son mystère. Avec son départ, s’éteint une part du mystérieux qui plaisait tant, l’odeur concentrée de l’enfance s’évapore. On se retrouve avec des adultes aux prises avec des souvenirs de l’enfance, nostalgiques (Pierre-Paul) ou révoltants (Clara).
Je ne dis pas que qu’à partir de là c’est inintéressant, le style précis et révélateur de Stéphani Meunier continue d’enchanter, mais la magie est diluée. La promesse de cette histoire d’enfance était si forte, si vibrante, comment tenir cette intensité quand celle qui représente l’enfance se volatilise et que les adultes s’agrippent à leur deuil et à leur chagrin.
J’entretiens une légère frustration devant les circonstances de la disparition de Charlie. Je comprends que l’auteure est le dieu de l’histoire et, en cela, fait ce que bon lui semble, par contre, ce n’est pas une raison pour tomber dans la facilité. Les questions que je me suis légitiment posées sur la disparition de Charlie sont restées en plan. Même si l’auteure ne voulait pas en faire un roman d’enquête, j’y ai quand même vu un vide. Un trou à remplir. Et j’aurais apprécié qu’il soit moins profond.
Je ne laisserai pas planer le doute, j’ai aimé ce roman. Il a été assez fort pour soutenir mon intérêt grâce à des personnages crédibles et un style enveloppant. Et le premier tiers de l’histoire m’a tellement absorbée par son ambiance, hypnotisée même, que je ne regrette nullement cette lecture.
Visitez le recensement de On ne rentre jamais à la maison de mon ami, Maxime ! Comme je l'expliquais sur mon billet "Cher tous," nous soulignons un événement spécial pour nous deux.