Deux Big Mac avenue des Champs-Elysées, 9 kilos de riz chez un hard discounter, 5 tickets de métro parisien, 3 cafés en terrasse ou bien encore 300 g de faux filet de bœuf : c’est ce que l’on peut acheter pour 9€, en France. Dérisoire et importante à la fois, cette somme paraît suffisante pour une grande partie de nos achats de base. Qu’en est-il lorsque ces quelques pièces sont le seul et unique revenu quotidien dont on dispose ? C’est la question que se pose toute l’Angleterre suite aux propos de son ministre chargé du travail, Iain Duncan Smith, au sujet d’une revalorisation des aides d’état.
L’intéressé, afin de justifier une baisse prochaine dans ces aides gouvernementales, a insisté sur le fait qu’aujourd’hui, en Grande Bretagne, on peut tout à fait « vivre avec 53 livres par semaine ».
Très vite, l’opinion publique s’est soulevée face à ces propos, sans pour autant perdre le légendaire flegme anglais : en à peine trois jours, une pétition mettant au défit le ministre de vivre avec ces 53 livres par semaine a recueilli 385 000 signatures. Cette pétition du « prove it ! », si elle était écoutée, réduirait de 1528 livres la rémunération hebdomadaire de 1581£ de Monsieur Smith (soit une baisse non négligeable de 97%)… Visiblement lâché par ses confrères les Premier Ministre et Ministre des Finances (très peu bavards tout d’un coup), Monsieur Smith est le seul politicien visé… pour le moment.
L’initiative n’est pas sans rappeler un jeu de télé réalité, toujours britannique (décidément…) intitulé « Tower block of commons », où des familles d’hommes politiques étaient logées dans des HLM de quartiers défavorisés de la banlieue de Londres.
Le ministre britannique du travail a très peu apprécié la pétition, qu’il décrit comme une diversion visant « à détourner l’attention du système social » et de ses réformes, importantes. Il a également souhaité aborder des périodes difficiles de son passé, en précisant qu’il avait lui aussi connu le chômage et les problèmes d’argent qu’il implique.
La réforme totale du système de prestations sociales britanniques est au cœur de l’actualité du pays, avec, par exemple, des mesures de taxation sur les chambres non occupées dans les logements sociaux, au but avoué d’optimiser l’attribution des foyers chez les personnes éligibles.
Par ailleurs, et toujours dans un but de réductions des dépenses, la hausse des allocations sera plafonnée à 1% par an jusqu’à nouvel ordre, bien en dessous des 2,8% d’inflation annuelle subie au Royaume-Uni. Reste que, si ces réformes semblent nécessaires à l’amélioration des finances de l’état, les chômeurs britanniques célibataires et habitant un « council flat » avec 2 chambres vont avoir beaucoup de mal à digérer ces décisions. Et vous, à leur place, vous feriez-quoi avec 9€ ?
A.G.