Cibler le métabolisme du cholestérol dans les yeux pourrait prévenir une forme grave de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), selon cette étude du US National Eye Institute (NEI-NIH) menée à ce stade sur la souris. Ces conclusions, publiées dans l’édition du 2 avril de la revue Cell Metabolism ouvrent une voie thérapeutique prometteuse pour l’une des causes les plus fréquentes de cécité chez les personnes âgées.
L’accumulation de cholestérol dans les artères et les veines, ou athérosclérose est une conséquence naturelle du vieillissement. Ainsi, dans les yeux, le cholestérol s’accumule aussi, entraînant la DMLA. Même si les facteurs déclenchants de la DMLA ne sont pas clairs, le taux de cholestérol reste parmi les principaux suspects.
La DMLA provoque des dommages à la macula, une région de la rétine responsable de la vision centrale. Elle peut prendre 2 formes, la DMLA sèche où la perte de vision est liée à une perte progressive des photorécepteurs dans la macula ou la DMLA humide ou néovasculaire avec le développement de vaisseaux sanguins anormaux sous la macula, des micro-saignements entraînant des lésions des photorécepteurs.
Or les macrophagesjouent un rôle clé dans l’élimination du cholestérol de l’œil, car ils sont « chargés » d’ingérer et de détruire les débris cellulaires mais, avec l’âge, ils deviennent moins efficaces. Or un collyre contenant un agoniste du récepteur hépatique X (LXR), pourrait contribuer à rétablir leur fonction et prévenir la progression de la DMLA. C’est ce que montrent ces chercheurs sur la souris.
Un collyre capable de re-stimuler les macrophages : Le Pr Rajendra Apte, professeur d’ophtalmologie à l’Université Washington (St. Louis) explique que ces résultats dessinent une nouvelle stratégie d’intervention précoce pour prévenir la progression de la DMLA vers sa forme grave néovasculaire. Lors d’études précédentes, le Dr Apte avait déjà constaté que les macrophages contribuent à limiter la croissance de nouveaux vaisseaux sanguins dans les yeux : « Idéalement, les macrophages doivent métaboliser le cholestérol et le « rejeter » dans la circulation sanguine. Dans la DMLA, nous pensons que les macrophages traitent le cholestérol, mais sont incapables de s’en débarrasser, ils deviennent inflammatoires ce qui favorisent la croissance des vaisseaux sanguins ». Son équipe a en effet découvert que les niveaux d’une protéine, appelée ABCA1, nécessaire aux macrophages pour libérer le cholestérol dans le sang sont réduits chez les patients âgés. Lorsqu’ils suppriment le gène ABCA1 chez des macrophages jeunes, ces macrophages se comportent comme de vieux macrophages. Quand ils traitent de vieux macrophages avec un agoniste de LXR, les macrophages « rajeunissent » et deviennent capable d’inhiber la croissance des vaisseaux sanguins. Enfin, testé chez la souris modèle de DMLA, l’agoniste de LXR réduit également la croissance des vaisseaux sanguins.
Il n’y a pas de traitement « définitif » pour la DMLA et les traitements existants doivent être donnés fréquemment jusqu’à une fois par mois et les injections répétées comportent un risque d’infection. Empêcher les vaisseaux sanguins de se développer serait mieux que de tenter de les éliminer, remarquent les auteurs.
Source :Cell Metabolism online April 2, 2013 doi.org/10.1016/j.cmet.2013.03.009 Impaired cholesterol efflux in senescent macrophages promotes age-related macular degeneration(Visuel@ National Eye Institute « Œil affecté par la DMLA néovasculaire »)
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