Ça commence fort ! Le député Thierry Mandon, porte-parole du groupe socialiste, vient d’adresser un hommage appuyé… à la présidente du MEDEF, Laurence Parisot, pour son rôle dans la négociation de l’accord sur l’ANI.
Le communiqué d’Olivier Dartigolles a fini, hier, de flinguer une matinée placée sous le signe du vomi. Parce que, pendant « l’affaire Cahuzac », les affaires continuent entre le parti solférinien et le MEDEF. Et la sucette de l’accord national interprofessionnel a toujours un goût très amer dans ma bouche de chercheur d’emploi. Encore plus quand j’entends l’ancien maire de Ris-Orangis, plaider que « cette attitude (du MEDEF) contraste avec celle de l’opposition qui ne s’est jamais remise de sa défaite et annonce la crise de régime à chaque coin de rue ». Mais, mais, mais… Salopard !
Mon cher lecteur Yann Antoine m’a fait passer quelques informations sur les propos tenus en Commission des Affaires sociales du Sénat, à propos de cet ANI dont nous devons plus que nous méfier. Ce ne sont pas des citations exactes mais la retranscription de propos prononcés devant les caméras.
Pour la CGPME, Geneviève Roy explique, en substance : « L’objectif est de rendre plus compétitives les entreprises en accordant le droit de flexibilité sans concessions. La boite à outils conçue avec l’ANI a pour objectif l’équilibre des comptes des sociétés. La durée minimale d’application de cet accord doit être de trois ans, modifiable en fonction des discussions après. » Jean-Pierre Crouzet, de l’UPA nous glisse, en gros que, « les carences seront uniquement émises par les dirigeants d’entreprise en fonction des flux pour éviter les excès nuisant à la compétitivité ». Jean-François Pillard, du MEDEF, conclut : « L’accord de sauvegarde de l’emploi doit être garanti par une flexibilité des effectifs avec un maintien dans l’emploi sur une durée de deux ans en dehors des cadres juridiques mais avec des accords partiels au sein des entreprises uniquement ».
Voilà, hors des grands discours sur le « dialogue social », ce qu’il en est réellement de ce texte pour lequel le gouvernement entend transformer les députés élus par le peuple en greffier des volontés patronales. En effet, le gouvernement s’est « engagé » à ne pas modifier la substance du texte signé par le patronat et ses alliés jaunes. Du coup, les dix amendements déposés par la gauche du parti solférinien ont peu de chances d’aboutir. Encore plus quand on sait qu’ils se trouvent avec le canon sur la tempe. Bruno Le Roux a rappelle sa philosophie au Journal du dimanche : « Personne n’est obligé d’appartenir au groupe socialiste ». Transmis aux 1 600 militants et responsables de ce parti qui ont lancé le « non socialiste au MEDEF ».
Côté Front de gauche, après avoir tenté de faire abroger chacun des articles du projet transcrivant l’ANI en loi, ce sera la bataille des amendements avec plus de 4 500 demandes de modification déposées. « Ce texte porte un coup très dur à toutes l’organisation sociale de notre pays, met en cause l’ensemble de l’architecture de la protection des salariés et joue contre l’emploi, estime André Chassaigne en expliquant la démarche des députés FDG. Notre premier objectif c’est le retrait total du texte ou au moins en limiter au maximum les conséquences néfastes. (…) Nous allons essayer de construire des convergences pour améliorer le texte (qui) sont possibles avec des élus écologistes, radicaux de gauche ou de l’aile gauche du PS. »
Nous verrons bien qui fait quoi dans cette affaire. C’est bien le temps des responsabilités pour chacune et chacun de ces députés élus avec les voix du Front de gauche. Mais qui votent, jour après jour, des décisions qui sont identifiables comme une politique de droite.
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Bonus militant : 9 avril 2013 – Journée de grèves et de manifestation contre l’accord national interprofessionnel.
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Bonus Cahuzac : Dans quelques mois, Michel Sapin, qui ose affirmer que « l’ANI défend l’emploi » pourra déclarer ceci :
J’ai mené une lutte intérieure taraudante pour tenter de résoudre le conflit entre le devoir de vérité auquel j’ai manqué et le souci de remplir les missions qui m’ont été confiées et notamment la dernière que je n’ai pu mener à bien. J’ai été pris dans une spirale du mensonge et m’y suis fourvoyé. Je suis dévasté par le remords.
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Bonus vidéo : Beastie Boys « Fight For Your Right »