LETTRES D'OUTREMER, BD de WARNAUTS et RAIVES

Par Geybuss

BD - Editions Casterman - 118 pages -  9 € d'occas

Parution le 6 mars 1996

L'histoire : Après avoir brutalement perdu sa femme qu'il adorait, Jean s'embarque pour les Antilles, en Guadeloupe plus précisément, espérant trouver un palliatif à son chagrin dans une série d'articles qu'il doit rédiger pour le journal qui l'emploie. Et surtout, il espère retrouver l'auteur de lettres enflammées qu'il a retrouvé dans les affaires de sa femme et qui provenaient d'outremer.

Tentation : Le pitch, le titre, la couv, les dessins !

Fournisseur : La bib !

 Mon humble avis :Ah le piège... Cette BD fait partie de la collection "à suivre" (comme indiqué sur le couv), et les autres titre cités  l'intérieur laissent coire justement à une série. Après une petite recherche, il semble que les scénari des tomes suivant n'aient rien à voir avec celui ci, que ce soit au niveau de l'intrigue et des personnages. C'est donc un album One Shot. Pourquoi pas, sauf que pour moi cette BD a un goût d'inachevé, d'inabouti. En introduction, j'aurais pu mettre 4 étoiles. Mais là, même les personnages ne me paraissent pas très creusés, l'histoire tourne court. On ignore si certains passages sont des rêves flash back ou la réalité. Cette BD nous mène aussi  Venise, où Jean retrouve une famille qui semble très très proche, mais on n'en sait guerre plus. Je reste sur ma faim et hélas, je ne crois pas qu'une suite sortira près de 20 après. Car oui, cette BD ne date pas d'hier, cela se ressent dans les dessins... surtout au niveau des voitures. C'est fou ce qu'elles ont changé en 20 ans ! Bref, une histoire qui ne casse pas trois pattes à un canard, qui ouvre des promesses et les referme aussitôt.

Par contre, par contre, j'ai adoré les dessins et y ai retrouvé toute l'atmosphère de ma chère Guadeloupe. Ce qui me fait dire que cette BD est plus un prétexte des auteurs pour évoquer leur passion pour cette île. Les dessins sont très sympas, j'ai reconnu tant de lieux j'aurais pu même dire à quel endroit précis le dessinateur a posé son siège pour griffoner ses esquisses. Là, je me suis régalée, tout comme lorsque que l'on se retrouve dans une soirée créole, avec la cuisine créole, la nonchalance, le petit troquet du coin. Et puis la forêt tropicales aussi, bref, le paradis ! Même si... même si... les auteurs ne passent pas sous silence les rapports ambigus qu'entretiennent la Guadeloupe et la métropole, les Guadeloupéens et la France, et les Français avec la Guadeloupe... Une guadeloupe au passé afrocaribéen, dont on parle au présent au Français dans la BD et au futur comme terre d'Europe... Effectivement, on comprend bien là qu'il y a mauvaise donne et qu'un Guadeloupéen puisse avoir du mal à se sentir Européen. Lorsque j'ai vécu là-bas, j'ai constaté qu'il y a dix fois plus de différences ne serait-ce que culturelles entre un Guadeloupéen et un métro qu'entre un Américain et un Fançais, ou un Anglais et un français.  Enfin bref, Lettres d'outremer aborde délicatement ces éternels débats. Disons que l'album invite chacun à y réfléchir.

Une lecture en demi teinte pour moi. Je dirai que cette BD est à lire pour tous amoureux de la Guadeloupe ou pour tous les curieux des antilles. Les autres passeront leur chemin !

 

   Une rose de Porcelaine, sur Basse Terre