Le nom de Qingming (清明) désigne l'une des vingt-quatre périodes solaires du calendrier agricole chinois, qui recouvre à peu près les deux premières semaines d'avril. Son nom, que l'on peut traduire en français par "pureté (de l'air) et lumière" indique les caractéristiques climatiques de la période. C'était autrefois l'époque où les paysans préparaient et vérifiaient le matériel nécessaire aux activités agricoles et séricoles à venir.
Qīngmíng jié (清明节), la Fête de Qing Ming, est un jour désigné en Chine comme journée nationale de nettoyage des tombes depuis 1935. De nos jours, Qīngmíng jié est donc réduit à une journée consacrée à l'entretien des tombes, un peu comme la Toussaint, mais il s'agissait à l'origine d'une période plus longue rassemblant des rituels et activités d'origines différentes. Qīngmíng jié est devenu un jour férié depuis 2008, le 4 ou le 5 avril. Cette année, la fête a été fixée au 4 avril, le 5 est considéré comme férié, le 6 fait encore partie du bloc de vacances officielles, mais dimanche 7 devient un jour de travail. Pendant ces 3 jours de vacances, les chinois partagent la tristesse et la joie du printemps.
Les Chinois ont plusieurs traditions pour célébrer cette fête. C’est de nos jours un jour de réunion familiale, avec des banquets et c’est une occasion d’entretenir les cimetières. On nettoie d’abord la tombe, ensuite on profite de la visite pour offrir un cadeau : nourriture, un bouquet de fleurs, des objets qui plaisaient au défunt. Dans les grandes villes, les cimetières sont remplacés par des colombarium où les coffrets renfermant les cendres des défunts sont conservés dans des cases. Les familles viennent chercher les coffrets, et les rapportent après une cérémonie familiale. A la campagne, la famille se réunit auprès des tombes familiales dans les champs, pour un repas après avoir désherbé les buttes de terre qui les marquent. Il était de tradition de brûler des billets mais maintenant cette pratique est déconseillée par le gouvernement.
Près de chez nous, dans le district de Quingpu, plus de 160 parents se sont réunis pour lâcher des ballons, écrire des cartes et prier pour leur seul et unique enfant décédé. Environ 7000 familles sont enregistrées comme telles, mais les chiffres peuvent tromper. Certains parents n'ont pas vu la nécessité de s'enregistrer comme telles car si leur enfant avait plus de 16 ans, ils ne toucheraient plus de subsides (5000 yuans lors du décès, puis une allocation mensuelle de 250 à yuans pour chaque parent, lors de leur retraite). On se rappelle qu'en Chine, ce sont les enfants qui prennent soin de leurs parents quand ceux-ci n'ont plus les ressources nécessaires.
J'avoue que cette politique de l'enfant unique, qui est en train de s'assouplir, me turlupine. Je me demande et je demande autour de moi, au risque de paraître stupide ou naïve, des choses comme : que se passe-t-il lorsqu'une femme attend des jumeaux, ou qu'elle donne naissance à un enfant handicapé ? Peut-être simple, stupide et naïf, n'empêche que je n'ai jamais obtenu de réponse claire. Et, bien sûr, c'est la première chose à laquelle je pense quand une catastrophe a lieu : dans quel état de détresse doivent se trouver les parents qui ont perdu leur unique enfant? Je me dis qu'on peut en avoir dix et que chacun d'entre eux est une personne unique dont la perte rendra toujours l'édifice familial bancal. La perte de l'enfant unique a la triste particularité de faire disparaître l'idée de famille. Peut-être que je suis particulièrement sensible à ce thème, moi, mère et fille unique.