Durant la dictature eu lieu la révolution verte (mécanisation de l’agriculture et développement de l’agriculture à haut rendement). De fait de nombreux petits propriétaires terriens furent expulsés, ils devinrent des sans terres. Ils se liguèrent et tentèrent de défendre leurs droits notamment par des occupations. Ils furent soutenus par les religieux locaux.
La crise financière entraina un regain de la pauvreté et de l’insécurité et la corruption militaire ruineuse conduira la junte à sa propre perte grâce, notamment, au combat des mouvements syndicaux.
C’est dans ce contexte post dictature que Leighton Gage fait apparaitre son personnage principal : Mario Silva, inspecteur de police droit et attaché à la justice. Comme la majeure partie des « flics de roman » son métier est un sacerdoce et trouve son origine dans un drame sanglant. (Parfois je rêve du héros qui sera devenu flic parce que c’est le seul concours qu’il a réussi…). Évidement le drame originel donne du coffre au personnage mais le procédé est vu et revu. Toutefois très vite la qualité du roman m’a fait oublier ce début plutôt cliché.
L’évêque Dom Felipe venu inaugurer la nouvelle église d’une province de l’État de São Paulo est abattu par un tir longue distance.
Mario Silva et deux subalternes sont missionnés sur place par la police fédérale brésilienne. Venus enquêter sur la mort de l’évêque ils se retrouvent très vite au cœur d’une lutte entre de gros propriétaires terriens et des syndicats d’ouvriers agricole. Les morts violentes s’accumulent. La vie n’a que peu de valeur. Ils sont seuls face à des témoins terrorisés par la police locale qui ressemble plus à une milice violente et sadique qu’aux garants de la protection de chacun.
Ce roman est violent et sombre, il ne laisse que peu d’espoir aux petits face à un système corrompu et pourri jusqu’au trognon. L’ambiance est moite, poisseuse. On imagine la chaleur, la sueur, la peur, la misère. On est face à des personnages aux systèmes de valeurs différents : des ouvriers agricoles prêts à donner leurs vies pour leur cause, des prêtres combattifs à la limite de la clandestinité, des enfants des rues perdus entre prostitution, magouille et peur, des prélats aux mains sales, des propriétaires terriens agissant en véritable chef de gang…. Dans ce marasme la violence est utilisée pour faire parler, terrifier et soumettre.
Silva et ses hommes semblent lutter dans un monde sans loi ni morale, tel des Don Quichotte, comme si tout cela était vain. La fin du roman sonne comme un glas sur la perte de la foi en la justice…. Et en l’homme. Leighton Gage nous livre un récit passionnant et brillant de vengeance, ce mal qui ronge et détruit.
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Je remercie chaleureusement les Éditions Télémaque pour l’envoi et la découverte de ce roman.
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♦ Le sang des maudits de Leighton Gage
Éditeur : Télémaque
Traducteur : Véronique Dumont
ISBN : 978 2753301610
Parution : novembre 2012
Pages : 359
Prix :19 €
Classé dans:LIVRES, Thriller Tagged: Brésil, corruption, crime, ouvrier, religion, Sao Paulo, spoliation, vengeance