Il est immoral de léguer aux générations futures le fardeau de notre dette. Il est tout aussi immoral de faire des économies sur ce qui doit leur permettre de faire face aux défis du monde à venir, à savoir leur éducation. Le pouvoir d’aujourd’hui, dont l’unique capacité est l’art de ciseler des formules choc dont la vigueur masque l’absolue vacuité, l’a manifestée à nouveau par la bouche du ministre Xavier Darcos. Celui-ci s’inspirait des nobles paroles prononcées en septembre 2007 par notre Président : «... dans l’école que j’appelle de mes voeux, où la priorité sera accordée à la qualité sur la quantité». Bien sûr. C’est exactement pourquoi, afin de manifester notre bonne volonté vis-à-vis de l’OTAN, le même Nicolas Sarkozy, sans consulter l’Assemblée Nationale, n’a pas choisi d’améliorer la qualité de nos troupes en Afghanistan mais a préféré augmenter leur quantité dans une proportion très significative.
Pour ce qui est de proportion, revenons un peu sur la pitoyable performance du ministre déjà cité, dans Le Grand journal de Canal +. Il se trouvait là, dépêché par son maître, dans une de ces émissions que public et pouvoir affectionnent, où nos élus distillent subtilement des messages subliminaux. Le petit Xavier s’y est montré incapable, non pas de calculer un résultat par la règle de trois, mais tout simplement d’énoncer le mode opératoire. Il brandit cependant avec aisance des pourcentages qui reposent sur la même démarche logique. Indiquons la ici pour ceux d’entre vous à qui elle n’aurait pas été enseignée.
L’Education nationale comprend 1.1431.555 fonctionnaires (selon le Ministère de l’Education Nationale en septembre 2007). Je supprime 11.200 postes. Si elle ne comptait qu’un seul fonctionnaire, je ne pourrais bien sûr n’en supprimer que 1.1431.555 fois moins, donc je divise 11.200 par 1.1431.555 et j’obtiens 0,0098. Et si elle était forte de cent salariés, je serais à même d’en supprimer 100 fois plus et donc je multiplie le résultat précédent par 100, d’où ce pourcentage de 0,98 que nous pouvons arrondir à 1% et que nos élus n’hésiteraient pas à qualifier d’infinitésimal, étalant la même nullité dans la pratique de la langue française que dans le maniement des chiffres.
Voilà donc le Ministre auquel il revient de définir le socle de connaissances que tout élève doit acquérir à l’école. Visiblement, le sien (de socle) est branlant. S’il n’avait pas réussi en politique, gageons qu’il serait en recherche d’emploi et bientôt contraint de devoir accepter une offre limitée à ses compétences.
PS : Vous aurez peut-être de la peine à retrouver une vidéo où notre ministre, ancien professeur, exhibe son niveau en français et en calcul. Si je l'ai aperçue une fois, depuis je n'obtiens plus que l'avis suivant : "Nous sommes désolé (sic), ce contenu a été retiré pour cause de non-respect des conditions d'utilisation". Les ciseaux de Madame Anastasie séviraient-ils aussi sur l'Internet ?